SYNOPSIS
: ANALYSE D’UN FILM MECHAMMENT SAIGNANT
Bleu, saignant, à point… On a encore du mal à trouver les adjectifs
pour qualifier Zombie, un événement dans le parcours
du cinéphile tranquille, qui marqua le genre fantastique à tout
jamais. Réalisé dix ans après La nuit des morts vivants,
ce second volet du triptyque horrifique de George Romero met
une nouvelle fois en scène des êtres qui tentent de survivre
face à une horde de zombies maléfiques et prêts à tout. Avec
plus de moyens, le cinéaste joue à la fois la carte de la bédé
explicite et du film fantastique subtil. Le résultat est explosif.
|
....................................................................
|
DIVERTISSEMENT COMPLEXE
ET COUPABLE
|
 |
|
|
Autant le dire immédiatement, Zombie
n’est pas un banal film d’horreur qui se contente d’aligner
mollement les scènes d’action avec un ou deux effets gore
pour faire passer le vilain goût d’ersatz. En réalité, le
film de George Romero est rien moins qu’une oeuvre magistrale
et extrêmement puissante doublée d’un film d’action bourrin,
et d’une satire sociale corrosive, le tout sous une bonne
couche d’hémoglobine bien gluante.
Sommairement, le film raconte l’envahissement progressif de
la Terre par des zombies qui se nourrissent de chair humaine.
Un noyau de résistants vont essayer de les combattre, mais
ça ne sera évidemment pas chose facile… Si l’histoire paraît
typique, le traitement l’est moins. Ne serait-ce que dans
les personnages qui ne répondent pas aux critères archétypaux
du genre, à tel point que Romero transcende cette dimension
caricaturale où les personnages sont rangés dans des stéréotypes
navrants. L’exemple le plus flagrant demeure les celui des
deux héros du film qui eux-mêmes sont des paradoxes ambulants.
Buddy-movie avant l’heure, Zombie donnait
l’occasion de réunir un duo où un Black et un Blanc
mettent leurs efforts en commun pour sauver la planète. Pour
l’époque, cette caractérisation des personnages est novatrice,
et ce, même dans les détails les plus subtils. Par exemple,
ceux qui ont toutes les qualités pour survivre sont en fait
ceux qui échoueront en premier, à l’instar du coéquipier blanc
a priori infaillible qui bute sans vergogne et semble se sortir
sans problème de toutes les situations. Le Black, lui,
est finement décrit : même s’il ne meurt pas dans la fiction,
il n’arrive pas à masquer ses sentiments (ses larmes au début)
ni à tirer plus vite que son ombre (il sera épaulé par son
coéquipier). Le film n’hésite alors pas à souligner les faiblesses
de chacun.
|