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The Hulk (c) D.R. THE HULK
d'Ang Lee
Par Nicolas JOURNET


SYNOPSIS Bruce Krentzer travaille comme chercheur à l’université de Bekerley. Spécialisé dans les questions de génétique, le scientifique cherche un moyen de régénérer les tissus humains. Lors de l’une des expériences, il est exposé à une surdose de rayons gamma. L’accident bouleverse son métabolisme. Les mutations chromosomiques héritées de son père David Banner voient leurs effets décupler par les radiations. Désormais, quand Bruce se met en colère, il se transforme en un monstre verdâtre surpuissant.

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LA THEORIE DE L’ENTRE-DEUX

  The Hulk (c) D.R.

The Hulk est une « surproduction d’auteur ». Ce n’est pas moi qui le dit, c’est le service de presse chargé de promouvoir le film aux critiques hexagonaux. L’expression est heureuse, elle résume parfaitement la dernière production tirée des comics de Marvel. D’un côté, Ang Lee veut faire intimiste. En insistant fortement sur la psychologie de ses personnages. De l’autre, il veut faire spectaculaire. En recourant aux effets spéciaux les plus sophistiqués du moment. Sauf qu’à trop vouloir jongler entre les genres, à trop vouloir juxtaposer les contraires, le réalisateur de Tigre et Dragon finit par rendre son film totalement neutre. Aucune émotion ne se dégage de cette énième histoire de scientifique rattrapé par ses folles expériences. Ne reste que l’ennui… et des douleurs lombaires fort désagréables provoquées par la recherche deux heures vingt durant de la meilleure position pour dormir.

La projection commence pourtant plutôt bien. La séquence d’ouverture est réussie. Ang Lee multiplie les plans de microscope, de tubes à essai, de centrifugeuses, de singes en cage… bref de tout ce qui fait l’attirail du parfait scientifique. Ces plans de coupe on ne peut plus classiques sont filmés avec classe. Les jeux d’ombre et de lumière sont parfaitement maîtrisés, l’éclairage bien au-dessus de la moyenne hollywoodienne. Ce qui n’est guère étonnant avec un certain Frederick Helmes comme directeur de la photographie. L’individu a notamment travaillé - excusez du peu - sur plusieurs Lynch (Sailor et Lula, Blue Velvet et Eraserhead) et quelques Cassavetes (Meurtre d’un bookmaker chinois et Opening Night ). À regarder les premières minutes de The Hulk, tout semble donc aller le mieux du monde dans le meilleur des films possibles.

The Hulk (c) D.R.

D’autant qu’Ang Lee parvient à mettre sous pellicule une ambiance délicieusement bédéphile. Grosses lettres de couleur jaune, tracé irrégulier, le générique est écrit dans une police rappelant celle utilisée dans les bandes dessinées des années 60-70. Durant ces décennies où Stan Lee n’était pas encore producteur exécutif de blockbusters, mais un auteur de B.D très inspiré. En 1962, associé à l’illustrateur Jack Kirby, il crée le personnage de Hulk. La destinée tragique de Bruce Banner rencontre un succès phénoménal et, mis à part une pause de quelques mois en 1999, les aventures du géant vert seront publiées sans interruption jusqu’à aujourd’hui. Le héros inventé par Stan Lee sera même si populaire que la chaîne américaine CBS en tirera de 1977 à 1982 une série télé, avec Bill Bixby dans le rôle de Banner et Lou Ferrigno dans celui de Hulk.

Dans sa réalisation, Ang Lee cherche visiblement à rendre hommage à l’œuvre de son homonyme américain. Ainsi, pour reproduire sur grand écran la division par vignettes qui fait la forme si particulière d’une bande dessinée, il utilise à plusieurs reprises un procédé cher à Brian de Palma et aux concepteurs de 24 Heures Chrono : le split-screen. Cette division de l’écran en plusieurs fenêtres permet d’éclater l’action selon plusieurs angles et donne dans les meilleurs moments du film l’impression de regarder une B.D. filmée. Toujours dans sa volonté de rester fidèle au grand Stan, Ang Lee a souhaité revenir à l’histoire initiale, celle de la bande dessinée. Il s’écarte donc volontairement du scénario de la série télé qui à l’inverse de la B.D. minimisait  le spectaculaire au profit du psychologique.







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