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À certains moments du film, on sent bien
qu’Ang Lee veut faire de l’humour. Mais les blagues sont si
mauvaises qu’elles ne se distinguent pas des passages sérieux.
Ou alors les passages sérieux sont déjà si ridicules qu’on
a du mal à séparer l’humour volontaire de l’involontaire.
La dernière partie du film en est le meilleur exemple. Le
combat final entre le fils transformé en Hulk et le père devenu
mutant polymorphe dépasse très largement les limites du n’importe
quoi. Adaptation de B.D. ou pas, le spectaculaire doit éviter
de devenir risible. Ce qui est loin d’être le cas dans cette
scène. Mais la baston familiale est encore remarquable d’intelligence
comparée à la chute, cette dernière image si importante car
c’est elle qui va imprimer la rétine avant de retrouver la
lumière du dehors. Pour clore The Hulk, Ang Lee ressort
la vieille technique du « deux ans après ». Prenez
un héros supposé mort, placez sur un fond noir une indication
temporelle de votre choix (« six mois après », « huit
mois plus tard »…), faites un plan de dos d’un personnage
étrange dans un lieu situé à des milliers de kilomètres de
l’endroit où se déroulait précédemment l’action, contournez-le
d’un mouvement de caméra circulaire… suspense… qui voilà…
notre héros bien sûr mais avec de la barbe et des cheveux
plus longs pour bien montrer que le temps a passé depuis sa
précédente apparition. Généralement, il prononce une
dernière réplique pour annoncer le tome 2 déjà écrit et à
moitié tourné et hop ! le film est terminé. Ang Lee suit
la méthode à la lettre. La dernière réplique de Banner est
même des plus réussies : « tu m’as énervé et
tu ne vas pas aimer quand je m’énerve ».
En résumé, The Hulk aura passé plus de deux heures
à chercher son style. Film d’auteur ? Avec un machin
gélatineux qui joue au bilboquet avec des tanks ! Film
d’action ? Avec une exploration freudienne du caractère
des différents personnages ! Ni tout à fait l’un, ni
vraiment l’autre, le film d’Ang Lee évolue dans une sorte
de no man’s land cinématographique quelque part à la frontière
de l’intime et du spectaculaire, dans un entre-deux sans attrait.
Il rejoint ainsi sans gloire la liste - déjà longue - des
transpositions ratées du catalogue Marvel Comics sur grand
écran. Après les intellectuellement régressifs X-Men
et Daredevil, l’idéologiquement vomitif Spiderman,
voici l’artistiquement inexpressif The Hulk. Bien sûr,
les adaptations des bandes dessinées Marvel ne sont pas toutes
à jeter. X-Men 2 ou Blade 2 sont des long-métrages
remarquables. Mais avec quatre films déplaisants pour deux
réussis, la balance penche dangereusement vers le négatif.
Et fait craindre pour les prochaines adaptations de superhéros
made in Marvel l’apparition d’un mal difficilement récupérable :
la saturation thématique.
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2002 The
Hulk avec Eric Bana, Jennifer Connelly
2000
Tigre et dragon / Wo hu zang long avec
Chow Yun-Fat, Ziyi Zhang
1999
Chevauchée avec le diable / Ride with the
devil
1997 The Ice storm
avec Kevin Kline, Joan Allen
1995 Raison et sentiments
/ Sense and Sensibility avec Kate Winslet
1994 Sale sucre
de Ang Lee
1993 Garçon d'honneur
/ Hsi yen
1992 Tui shou /
Pushing Hands avec Sihung Lung, Deb Snyder
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