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Le salon est progressivement envahi par
la fumée. L'aïeule décline ses souvenirs,
croque des portraits avec autant d'humour que de hargne en
un flot ininterrompu. Eustache de dos, boit du whisky, fume
des cigarettes, des cigares. Son corps raide, ses cheveux
longs, sa voix presque inaudible, ses questions formulées
d'un ton sec constituent un spectacle extrêmement troublant
(on se demande lequel des deux protagonistes de ce huis clos
est le plus attachant : la grand-mère bavarde, prolixe
ou le petit-fils en retrait ?). L'interview a fait l'objet
d'une préparation. Elle est en quelque sorte "
rejouée " devant la caméra. Eustache oriente
la discussion, revient sur des points précis (essentiels
à ses yeux, en rapport avec son uvre, ce qu'il
est, ses obsessions).
Ma vraie vie à Rouen est un faux journal intime. Une
« fiction-vérité ». On peut s’interroger sur les
véritables intentions des deux réalisateurs. A quoi rime ce
détournement ? Ce “ je ” mis en scène, travesti ?
Que nous montrent Ducastel et Martineau ? Leur premier
pas de cinéastes, la vie quotidienne d’un jeune patineur,
ou une adolescence rêvée (leur quête obsessionnelle du bonheur) ?
Le côté « bricolage », utilisation spontanée de
« l’outil caméra » trop systématique, l’incursion
dans le scénario de poncifs inhérents à l’homosexualité peut
agacer. Cette œuvre parvient cependant à émouvoir parce qu’elle
aborde avec sincérité deux thèmes cruciaux, la découverte
de l’autre (la famille, l’environnement proche, lointain,
la société), la découverte de soi (le corps, le cœur, l’acceptation
de ses fantasmes).
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Les larmes du tigre noir, Numéro
zéro, Ma vraie vie à Rouen sont des œuvres autobiographiques
d’une extrême singularité. Les larmes du tigre noir
n’est pas un bonbon acidulé. Son réalisateur s’y livre totalement
(sans pudeur, sans concession). Ses images surannées frisent
la pornographie. Numéro zéro n’est pas un simple documentaire.
Il est le reflet d’une passion (la passion de Jean Eustache
pour sa grand-mère), la confrontation bouleversante de deux
vies en temps réel (l’une s’achève dans la plénitude, l’autre
en perpétuelle construction va bientôt s’écrouler). Ma
vraie vie à Rouen, n’est pas un film de plus sur la famille,
l’adolescence. C’est un témoignage unique (candide, sulfureux)
sur le désir.
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Wisit Sasanatieng
2000 Les
Larmes du tigre noir / Fah talai jone
1999 Nang
nak
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Jean Eustache
1980
Les Photos d'Alix avec Alix
Cleo-Roubaud, Boris Eustache
1980
Le Jardin des délices de Jerome Bosch
1977
Une sale histoire
1974 Mes petites
amoureuses avec Ingrid Caven, Henri
Martinez
1973 La Maman et
la Putain avec Bernadette Lafont,
Jean-Pierre Léaud
1971 Numéro zéro
de Jean Eustache et Adolfo Arrieta avec Odette
Robert
1971 Odette Robert
1968 La Rosière
de Pessac
1966 Le Père Noël
a les yeux bleus avec Jean-Pierre
Léaud
1963 Du côté de
Robinson
1963 Les Mauvaises
fréquentations
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Jacques Martineau et Olivier
Ducastel
2002
Ma vraie vie à Rouen
2000
Drôle de Félix
1998
Jeanne et le garçon
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