SYNOPSIS Orphelin,
Peter Parker est élevé par sa tante May et son oncle Ben dans
le quartier Queens de New York. Tout en poursuivant ses études
à l'université, il trouve un emploi de photographe au journal
Daily Bugle. Il partage son appartement avec Harry Osborn,
son meilleur ami, et rêve de séduire la belle Mary Jane. Cependant,
après avoir été mordu par une araignée génétiquement modifiée,
Peter voit son agilité et sa force s'accroître et se découvre
des pouvoirs surnaturels. Devenu Spider-Man, il décide d'utiliser
ses nouvelles capacités au service du bien.
Au même moment, le père de Harry, le richissime industriel Norman
Osborn, est victime d'un accident chimique qui a démesurément
augmenté ses facultés intellectuelles et sa force, mais l'a
rendu fou. Il est devenu le Bouffon Vert, une créature démoniaque
qui menace la ville. Entre lui et Spider-Man, une lutte sans
merci s'engage. |
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LE MIROIR, LE MASQUE ET
LA HONTE
ou quelques éléments pour une psychanalyse et une politique
des super-héros
O make me a mask
Dylan Thomas
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Des cases enfilées de la B.D. originelle
(« Marvel Comics ») à sa transposition « blockbusterisée »
sur la toile de cinéma, les aventures acrobatiques du célèbre
monte-en-l’air créé par Stan Lee arrivent-elles à passer la
rampe du grand écran ? Le résultat tant attendu par les
fans du super-héros (le projet végétait depuis plusieurs années
à Hollywood) apparaît mitigé.
Ce qui se perd : une homogénéité structurelle de la bande
dessinée qui ne privilégiait jamais la vie privée du héros
(Peter Parker) à sa vie publique de super-héros (dans le film
de Sam Raimi, la part dévolue aux effets spéciaux appuie lourdement
sur le côté performatif du défi relevé d’adapter au cinéma
les exploits de Spider-Man) ; également une certain retenue
formelle dans la représentation de l’amour contrarié que ressent
Peter Parker pour Mary-Jane Watson qui, dans sa transposition
cinématographique, tombe sans vergogne dans la mièvrerie la
plus épaisse (voir cette scène ridicule où la déclaration
d’amour romantique déguisée du héros qui a lieu à l’hôpital
dans lequel tante May a été transférée à la suite d’une attaque
du Bouffon vert induit mécaniquement la résurrection de cette
dernière : ah l’inégalée puissance de l’amour !).
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Ce qui se garde : le bonheur d’un corps
qui littéralement jouit et rit d’un potentiel physique insoupçonné
(contrairement à ses collègues Super-Man ou Bat-Man, rappelons-le,
Spider-Man a beaucoup d’humour), et qui se confronte avec
une mutation exceptionnelle de son être qui, sur le plan symbolique,
équivaut pour nous, gens du commun, au passage de l’adolescence
à l’âge adulte (le choix du méconnu Tobey Maguire est à ce
titre tout à fait judicieux comme le montre l’article de Clélia
Cohen dans les Cahiers du Cinéma n° 569 page 75).
Ce qui se gagne enfin : l’amorce sensible d’une réactualisation
contemporaine du contexte (violence du néo-libéralisme qui
crée avec le Bouffon vert une sorte de retour monstrueux de
son refoulé moral, mais jouissance aussi d’une ville meurtrie
– le New York de Spider-Man est indubitablement la
ville d’après le 11 septembre 2001 – qui voit dans son super-héros
la résurgence salutaire et protectrice d’un idéal sécuritaire
rassurant) dans lequel s’ébat le super-héros, prolongeant
aussi l’actuelle réflexion postmoderne du cinéma américain
sur ce que peuvent ses corps.
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