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Spider-Man (c) D.R. SPIDER-MAN
de Sam Raimi
Fait à Lyon, le 21 août 2002
par Saad CHAKALI


SYNOPSIS Orphelin, Peter Parker est élevé par sa tante May et son oncle Ben dans le quartier Queens de New York. Tout en poursuivant ses études à l'université, il trouve un emploi de photographe au journal Daily Bugle. Il partage son appartement avec Harry Osborn, son meilleur ami, et rêve de séduire la belle Mary Jane. Cependant, après avoir été mordu par une araignée génétiquement modifiée, Peter voit son agilité et sa force s'accroître et se découvre des pouvoirs surnaturels. Devenu Spider-Man, il décide d'utiliser ses nouvelles capacités au service du bien.

Au même moment, le père de Harry, le richissime industriel Norman Osborn, est victime d'un accident chimique qui a démesurément augmenté ses facultés intellectuelles et sa force, mais l'a rendu fou. Il est devenu le Bouffon Vert, une créature démoniaque qui menace la ville. Entre lui et Spider-Man, une lutte sans merci s'engage.

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LE MIROIR, LE MASQUE ET LA HONTE
ou quelques éléments pour une psychanalyse et une politique des super-héros

O make me a mask
Dylan Thomas

  Spider-Man (c) D.R.

Des cases enfilées de la B.D. originelle (« Marvel Comics ») à sa transposition « blockbusterisée » sur la toile de cinéma, les aventures acrobatiques du célèbre monte-en-l’air créé par Stan Lee arrivent-elles à passer la rampe du grand écran ? Le résultat tant attendu par les fans du super-héros (le projet végétait depuis plusieurs années à Hollywood) apparaît mitigé.

Ce qui se perd : une homogénéité structurelle de la bande dessinée qui ne privilégiait jamais la vie privée du héros (Peter Parker) à sa vie publique de super-héros (dans le film de Sam Raimi, la part dévolue aux effets spéciaux appuie lourdement sur le côté performatif du défi relevé d’adapter au cinéma les exploits de Spider-Man) ; également une certain retenue formelle dans la représentation de l’amour contrarié que ressent Peter Parker pour Mary-Jane Watson qui, dans sa transposition cinématographique, tombe sans vergogne dans la mièvrerie la plus épaisse (voir cette scène ridicule où la déclaration d’amour romantique déguisée du héros qui a lieu à l’hôpital dans lequel tante May a été transférée à la suite d’une attaque du Bouffon vert induit mécaniquement la résurrection de cette dernière : ah l’inégalée puissance de l’amour !).

Sam Raimi (c) D.R.

Ce qui se garde : le bonheur d’un corps qui littéralement jouit et rit d’un potentiel physique insoupçonné (contrairement à ses collègues Super-Man ou Bat-Man, rappelons-le, Spider-Man a beaucoup d’humour), et qui se confronte avec une mutation exceptionnelle de son être qui, sur le plan symbolique, équivaut pour nous, gens du commun, au passage de l’adolescence à l’âge adulte (le choix du méconnu Tobey Maguire est à ce titre tout à fait judicieux comme le montre l’article de Clélia Cohen dans les Cahiers du Cinéma n° 569 page 75).

Ce qui se gagne enfin : l’amorce sensible d’une réactualisation contemporaine du contexte (violence du néo-libéralisme qui crée avec le Bouffon vert une sorte de retour monstrueux de son refoulé moral, mais jouissance aussi d’une ville meurtrie – le New York de Spider-Man est indubitablement la ville d’après le 11 septembre 2001 – qui voit dans son super-héros la résurgence salutaire et protectrice d’un idéal sécuritaire rassurant) dans lequel s’ébat le super-héros, prolongeant aussi l’actuelle réflexion postmoderne du cinéma américain sur ce que peuvent ses corps.