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  KEN PARK
de Larry Clark
Par Matthieu CHEREAU


SYNOPSIS : « Kids, mon premier film, parlait du monde secret des enfants, ce monde interdit aux parents. Dans Ken Park, nous pénétrons dans l’intimité de quatre familles et cette fois-ci, nous rencontrons les parents. L’histoire se déroule à Visalia, une petite ville de Californie isolée dans les terres entre Los Angeles et fresno. Le film met en scène la vie de trois jeunes garçons et d’une adolescente, tous amis d’enfants, et de leurs parents. Leurs vies sont présentées sans fard, pour mettre en évidence la montée de la violence, le sexe, la haine, l’amour, et les dérapages émotionnels qui confinent à la folie. » Larry Clark

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LE CORPS DANS KEN PARK

  Larry Clarck (c) D.R.

Larry Clark, on le sait, a toujours été fasciné par les corps adolescents. Cette fascination s’exprime pleinement dès ses premières photographies, jusque dans son dernier film ; elle est l’une des sources les plus riches et intarissables de son œuvre. Certains l’admirent pour cela, d’autre le contestent. Tulsa, son premier recueil de photos, réunissait déjà des clichés particulièrement crus de corps livrés à la drogue ou à la misère. Ken park est également parcouru par d’innombrables corps, mais ces derniers, loin d’être passifs et usés, se découvrent être le foyer d’une résistance aussi belle qu’inattendue.

Photographié ou filmé, le corps adolescent tel que Clark le conçoit n’est pas nécessairement un organisme qui change ou grandit. Il est d’une part un résultat (celui d’un milieu) et d’autre part une envie. L’auteur de Kids filme ainsi la tension entre ce dont l’adolescent hérite et ce qu’il désire. Mais dans Ken Park, le désir n’est pas désir de réussite, ni d’échapper à une éventuelle condamnation future (condamnation par l’héritage social) : il est avant tout désir sexuel.  Par ce désir (qu’il ne manque pas de satisfaire), l’adolescent transgresse les lois sociales (Shawn couche avec la mère de sa copine), nie la religion de ses parents (Peaches s’apprête à coucher avec son copain quand son père ultra-catholique la prend sur le fait) et explore les limites de son propre plaisir (Tate expérimente l’asphyxie autoérotique). Le sexe devient le prisme sous lequel l’adolescent définit ses rapports avec le monde et avec lui-même. Il est l’unique moyen qui permette de s’écarter des institutions (celles de la famille ou de l’école) et de maximiser son plaisir. Le corps, à travers lui, assume le nihilisme pour poursuivre à tout prix la jouissance.