SYNOPSIS En
ce jour d'automne, les lycéens, comme à leur habitude, partagent
leur temps entre cours, football, photographie, potins, etc.
Pour chacun des élèves, le lycée représente une expérience différente,
enrichissante ou amicale pour les uns, traumatisante, solitaire
ou difficile pour les autres. Cette journée semble ordinaire,
et pourtant le drame couve... |
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ESTHETIQUE
DU CHAOS
S’attaquant au fameux drame de Columbine,
à la suite de Michael Moore, Gus Van Sant propose une approche
résolument plus poétique et ouverte, fort éloignée du discours
marxiste un peu simpliste (quoique partiellement recevable)
du documentariste qui ne trouvait comme seule explication
à ce massacre que la proximité d’une usine d’armes.
Précisément pas d’explication chez Gus Van
Sant, pour qui c’est le manque d’explication qui donne son
énergie et sa beauté au cinéma. Avant tout, Gus Van Sant film
des êtres, c’est-à-dire des corps, des mouvements dans l’espace.
A aucun moment par exemple, il n’insistera sur un élément
psychologique chez les jeunes tueurs qui pourrait donner une
motivation à leur acte. Face à cet événement insensé, « informulable »
pour l’Amérique, qui apparaît comme l’expression la plus pure
du nihilisme, il n’a pas d’explication et garde la part d’ombre.
Tirant son parti de l’inexplicable, il préfère
lui donner une forme poétique, donner une voix au chaos, une
formule à l’informulé. Fixer des vertiges, noter l’inexprimable :
c’est bien une entreprise de poète que mène ici Gus Van Sant.
De là le choix d’une forme musicale plutôt
qu’une narration traditionnelle fondée sur les enchaînements.
En l’occurrence, le récit d’Eléphant s’attache aux
quelques heures dans le lycée qui précèdent le drame. Mais
fidèle à sa veine expérimentale , Gus Van Sant décompose,
déconstruit son récit : le déroulement des faits est
vu a travers des points de vues différent et l’action va être
répétée et démultipliée. La temporalité se fait plastique,
malléable, « chaotique », bousculant l’enchaînement
de l’avant et de l’après, de la cause et de l’effet, soumise
au principe de non linéarité. Le récit se donne comme une
structure infiniment mobile, fluctuant, d’une grande souplesse.
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