Annuaire boutique
Librairie Lis-Voir
PriceMinister
Amazon
Fnac

     

 

 

 

 

 
Elephant (c) D.R. ELEPHANT
de Gus Van Sant
Par Marc LEPOIVRE


SYNOPSIS En ce jour d'automne, les lycéens, comme à leur habitude, partagent leur temps entre cours, football, photographie, potins, etc. Pour chacun des élèves, le lycée représente une expérience différente, enrichissante ou amicale pour les uns, traumatisante, solitaire ou difficile pour les autres. Cette journée semble ordinaire, et pourtant le drame couve...

....................................................................

ESTHETIQUE DU CHAOS

  Gus Van Sant (c) D.R.

S’attaquant au fameux drame de Columbine, à la suite de Michael Moore, Gus Van Sant propose une approche résolument plus poétique et ouverte, fort éloignée du discours marxiste un peu simpliste (quoique partiellement recevable) du documentariste qui ne trouvait comme seule explication à ce massacre que la proximité d’une usine d’armes.

Précisément pas d’explication chez Gus Van Sant, pour qui c’est le manque d’explication qui donne son énergie et sa beauté au cinéma. Avant tout, Gus Van Sant film des êtres, c’est-à-dire des corps, des mouvements dans l’espace. A aucun moment par exemple, il n’insistera sur un élément psychologique chez les jeunes tueurs qui pourrait donner une motivation à leur acte. Face à cet événement insensé, « informulable » pour l’Amérique, qui apparaît comme l’expression la plus pure du nihilisme, il n’a pas d’explication et garde la part d’ombre.

Gus Van Sant (c) D.R.

Tirant son parti de l’inexplicable, il préfère lui donner une forme poétique, donner une voix au chaos, une formule à l’informulé. Fixer des vertiges, noter l’inexprimable : c’est bien une entreprise de poète que mène ici Gus Van Sant.

De là le choix d’une forme musicale plutôt qu’une narration traditionnelle fondée sur les enchaînements. En l’occurrence, le récit d’Eléphant s’attache aux quelques heures dans le lycée qui précèdent le drame. Mais fidèle à sa veine expérimentale , Gus Van Sant décompose, déconstruit son récit : le déroulement des faits est vu a travers des points de vues différent et l’action va être répétée et démultipliée. La temporalité se fait plastique, malléable, « chaotique », bousculant l’enchaînement de l’avant et de l’après, de la cause et de l’effet, soumise au principe de non linéarité. Le récit se donne comme une structure infiniment mobile, fluctuant, d’une grande souplesse.