Même l’acte sexuel ne permet pas d’évacuer
cette douleur de la perte de l’être cher. Mécanique, presque
froid, l’amour physique pour Kieslowski n’est pas un acte
libératoire mais un abandon, une façon d’oublier l’angoisse
des instants présents. Pessimiste sur la nature humaine même
si la belle histoire d’amitié de Rouge, son dernier
film, atténuera in extremis ce constat, le cinéaste polonais
filme les personnages de ses long-métrages comme des âmes
en peine, à la recherche d’une impossible rédemption. « Je
ne parle pas de la politique, mais de l’ordinaire, de la vie
de tous les jours. Je devinais l’indifférence sous les sourires
polis, et j’avais l’impression accablante de regarder des
gens, qui de plus en plus souvent, ne savaient pas vraiment
pourquoi ils vivaient. » expliquait-il à la sortie
de son œuvre maîtresse Le Décalogue (cité dans « Krzysztof
Kieslowski, doubles vies, secondes chances » d’Annette
Insdorf). Enfant (Décalogue, 1), père (Décalogue,
10), double lointain (La Double vie de Véronique),
mari (Bleu), les films suivants du maître seront également
peuplés de fantômes, les êtres qui les traversent, toujours
à la recherche d’un équilibre intérieur, d’une sérénité impossible
à trouver. Nul ne peut échapper à son destin et les multiples
coïncidences qui rythment la vie des personnages kieslowskiens
finissent toujours par les mener à leurs propres pertes.
Avec Sans Fin, il entamait
un nouveau cycle de travail. Le long-métrage marquait le début
d’une collaboration fructueuse avec le scénariste, ancien
homme de loi, Krzystof Piesiewicz et le compositeur de musique
contemporaine, Zbigniew Preisner. Pourtant, si le grand public
attendra en effet les films suivants et surtout la trilogie
Bleu-Blanc-Rouge pour consacrer le cinéaste, ses quatre
premiers long-métrages comportaient déjà les prémices de la
grande œuvre à venir. L’achat du coffret édité par MK2 éditions
s’avère donc indispensable pour comprendre dans sa globalité
la filmographie d’un réalisateur essentiel. Les nombreux bonus
(entretiens, court-métrages, préface instructive de Thierry
Jousse pour chaque film) finiront de convaincre les cinéphiles,
les vrais de s’offrir quatre films (très) rares au cinéma
ou à la télévision. On attend désormais et avec impatience
un travail identique sur Le Décalogue.
1996 La
Cicatrice 1996 Le Hasard 1996Projection et colloque 1993 Trois couleurs
- Rouge avec Jean-Louis Trintignant, Irène
Jacob 1993 Trois couleurs
- Blanc avec Julie Delpy, Jerzy Stuhr 1993 Trois couleurs
- Bleu avec Juliette Binoche, Charlotte
Very 1990 La Double
Vie de Veronique avec Irène Jacob, Aleksander
Bardini 1989Le Decalogue
7, tu ne voleras pas avec Boguslaw Linda
1988 Breve Histoire
d'amour (Krotki film o milosci) 1987 Tu ne tueras
point (Short Film About Killing) avec Miroslaw
Baka 1987 Decalogue
1, un seul Dieu tu adoreras avec Maja Komorowska 1987 Decalogue
2, tu ne commettras point de parjure 1987Decalogue
3, tu respecteras le jour du Seigneur 1987Decalogue
4, tu honoreras ton pere et ta mere 1937 La Grande
Illusion avec Jean Gabin, Pierre Fresnay 1987 Decalogue
5, tu ne tueras point avec Miroslaw Baka 1987 Decalogue
6, tu ne seras pas luxurieux 1987 Decalogue
8, tu ne mentiras pas avec Tadeusz Lomnicki 1987 Decalogue
9, tu ne convoiteras pas la femme d'autrui 1987 Decalogue
10, tu ne convoiteras pas les biens d'autrui
1985 Sans fin
(No End) avec Jerzy Radziwilowicz, Grazyna
Szapolowska 1982 Le Hasard
(Blind Chance)avec Boguslaw Linda, Tadeusz
Lomnicki 1979 L' Amateur
(Camera Buff Amator) avec Jerzy Stuhr 1976 La Cicatrice
avec Franciszek Pieczka, Jerzy Stuhr 1975Le Personnel
(Personnel) avec Michal Tarkowski, Julius
Machulski 1970 L' Usine 1967 Concert des
meilleurs voeux 1966 Le Tramway
1965 Le Guichet
de Krzysztof Kieslowski