La richesse du dialogue chez Richard
Curtis va refléter celle de l’écriture des personnages romantiques
de ce genre de comédies. En effet, quand Richard Curtis utilise
des répliques longues pour traduire les sentiments de son personnage,
c’est le plus souvent lors de scènes déterminantes pour l’intrigue.
On pense ici au discours émouvant de Matthew dans Quatre
Mariages…, lors de l’enterrement de son compagnon Gareth,
avec l’ajout du poème de W.H Auden, à la fin du discours qui
permet ici d’ouvrir les yeux de Charles sur le fait qu’une relation
amoureuse peut être profonde. Dans un autre registre, comique,
on se souvient tous de la tirade amoureuse, maladroitement lancée
par Hugh Grant à Andie Mac Dowell, en fait très adroitement
écrite par Curtis qui instille par un processus de comique de
répétition la maladresse progressive (à travers d’incessants
appartés), et donc l’ironie qui se dégage de cette déclaration
amoureuse improvisée. Mais l’art du dialogue selon R. Curtis
se retrouve avant tout dans l’écriture de ses courtes répliques
qui fusent dans toutes ses comédies. Les références culturelles
et cinématographiques dans ces comédies viennent enrichir le
comique de certaines répliques. Ainsi, Charles répondant à la
question d’Henrietta, par une référence à un film célèbre :
« Henrietta : J’ai été à ce point angoissante la
dernière fois ? Charles:Bah. Tu te souviens de Psychose
? La scène de la douche ? Henrietta : Oui, Charles : C’était
pire. » On retrouve ce goût pour l’image-choc dans
un autre dialogue de Quatre Mariages, entre Charles et
son frère David : « David : Comment vas-tu ?
Charles : Tu te rappelles quand t’as pris le bateau de
Papa et que l’hélice m’a déchiqueté la jambe ? David :
Oui, Charles : C’est pire. » Enfin, le succès
de ces répliques vient aussi de l’agencement des scènes entre
elles. Ainsi certaines purement comiques peuvent receler également
des ingrédients romantiques ou certaines scènes d’une profonde
tristesse laissent souvent place à l’ironie et l’autodérision
des personnages.
En somme ces sept points capitaux
avancés permettent ici de démontrer que nous sommes bien avec
Richard Curtis en présence d’un auteur, dans son sens étymologique
premier (celui de créateur). Car il y a bien création d’un univers
particulier, régi par la romance, incarné par un certain type
de comédiens récurrents, avec un langage, des personnages et
une dramaturgie propres. Ce « Curtis World » se renouvelle
au fil des ans du fait même de l’évolution du regard que Curtis
pose sur la société qui l’entoure, avec pour lorgnette poétique
et (é)mouvante : le sentiment amoureux.
2002Love actually
de Richard Curtis avec Hugh Grant, Liam Neeson 2001
Le Journal de Bridget Jones
de Sharon Maguire avec R. Zellweger 1998Coup
de foudre à Notting Hill
de Roger Michell avec Julia Roberts 1997 Bean
de Mel Smith avec Rowan Atkinson, Peter MacNicol 1993Quatre mariages et un enterrement de Mike
Newell 1989
The Tall guy de Mel Smith avec Jeff Goldblum,
Rowan Atkinson