Annuaire boutique
Librairie Lis-Voir
PriceMinister
Amazon
Fnac

     

 

 

 

 

 
Musique

Coup de foudre à Notting Hill (c) D.R.

Dans les précédents films écrits par Richard Curtis, la musique avait déjà une place prédominante dans l’écriture de la comédie romantique. Sa présence à l’écran se révélait dès le générique, accompagnant les scènes d’exposition du personnage principal et de l’univers dans lequel il vivait. Or dans Love actually, Richard Curtis, par le sujet même de son film (une comédie chorale sur l’amour) semble avoir multiplier les effets de la musique sur le récit de son intrigue enchâssée. La musique n’est plus un ingrédient décoratif de la comédie romantique, mais devient un élément moteur capital du récit : « En ce qui concerne la musique, la musique pop est absolument ma musique préférée au monde et lorsque j’écris, je suis tout le temps entrain d’écouter ce type de musique. Donc je la mets dans mes films autant que possible. Et d’ailleurs comme ce film, qui met en scène des histoires différentes, eh bien je trouvais que c’était un des liens absolument naturels entre toutes ces histoires multiples, nous expliquait Richard Curtis. » Dans Love actually, la musique a une importance telle qu’elle devient même un moyen de renvoyer implicitement aux films précédents de Richard Curtis et notamment le « Christmas is all around » qui fait référence de manière parodique au tube britannique lancé par Quatre Mariages et un Enterrement, « Love is all around. »


Le héros curtisien

S’il y a bien une récurrence à relever dans la comédie romantique de Richard Curtis et notamment dans l’écriture de son personnage principal, c’est bien sa collaboration avec le comédien Hugh Grant qui va incarner le héros « curtisien » et son évolution, ou plutôt une sorte de variation autour d’un type de caractère comique précis, celui du « diffident hero ». Richard Curtis emploie lui-même cette notion de « diffidence » pour caractériser son personnage principal :« une personne qui manque d’assurance ou de confiance, hésitante, timide ». Lors de notre entretien réalisé en juin dernier, Richard Curtis nous expliquait l’origine littéraire de son héros : « Il y a une tradition dans la littérature britannique du personnage principal neutre et assez ennuyeux (comme Oliver Twist, David Copperfield, etc…). Je pense que j’ai probablement écrit l’un de ces personnages et ensuite j’ai été chanceux de trouver quelqu’un qui était intéressé pour l’interpréter. » Une neutralité qui n’exclut pas humour et flegme de la part du héros. Comme certaines des répliques célèbres du discours de mariage de Charles, lors du premier mariage ou l’une des répliques qu’il adresse à Fiona, lors de la cérémonie : « Fiona : Il y a du grand art dans tes retards. Charles : Merci. J’y travaille beaucoup. »

  Shakespeare in love (c) D.R.

Cette « neutralité », ce « manque d’assurance » est au cœur du processus de l’écriture de la comédie selon R. Curtis, tant dans sa dimension comique que romantique. Ce « diffident hero », en somme, cette caractérisation est nécessaire dans l’écriture du héros romantique. Billy Mernit, dans « Writingthe romantic comedy », consacre un chapitre à l’écriture du personnage principal masculin et y souligne le large éventail de personnalités que le héros romantique peut représenter, du personnage mal assuré type Hugh grant au poète passionné incarné par Joseph Fiennes dans Shakespeare in Love. Et autour de son héros, Richard Curtis invente à chaque reprise une galerie de personnages secondaires riche et complexe : « Mais dans un sens, le héros, Hugh, est le personnage le moins intéressant. Tous ses amis sont toujours plus extrêmes et plus riches de caractère que lui. » Si on voulait dresser une rapide typologie des personnages secondaires dans les films de Curtis, on retrouverait sans trop de peine : la bande d’amis, les rivaux, la famille et les personnages cadres (qui appartiennent explicitement et implicitement au décor du film).