SYNOPSIS :
Henry Van Cleve vient de passer de vie a trépas. Première étape,
l'explication et la justification de sa turbulente existence.
Malgré une épouse délicieuse, il ne pus pourtant jamais résister
à aucune jolie femme. |
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LES OBJETS LE SAVAIENT
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Dans Le ciel peut Attendre
de Ernst Lubitsch, le mobilier de la maison Van Cleeve, lieu
de la quasi-totalité des scènes du film, semble toujours avoir
un savoir en avance d’un petit temps sur les protagonistes,
ainsi que sur le spectateur. Il annonce le récit, comme si,
dans ces lieux, l’avenir, niché dans une forme de lampe ou
dans la couleur d’un bouquet de fleurs, y était déjà écrit.
Tout au long de l’œuvre, on a l’impression que le mobilier
a une prescience de l’événement. Ceci peut avoir une justification
scénarique puisque le film est constitué par un vaste flash-back.
Afin de tenter de le montrer, la démarche adoptée dans cette
étude est, dans un premier temps, d’isoler un certain nombre
de figures récurrentes sur l’ensemble du film, dans un deuxième
temps, de déterminer dans quelles conditions ces figures ont
un sens métonymique au sein de l’œuvre.
Lorsque commence le flash-back, on entame la vie d’Henry Van
Cleeve à son plus jeune âge, alors qu’il est bébé. Dans ce
premier temps, les fonds de plan sont habités par divers objets
et bibelots, mais leurs significations restent inintelligibles,
tels les premiers ânonnements du bébé Henry. Mais déjà, quand
Yvette Blanchard, la préceptrice française du jeune Henry,
se présente devant la mère du jeune homme, des roses blanches
occupent le premier-plan de l’image sur les mots “Yvette
Blanchard” que prononce la jeune femme. Plus que cette
possible association du nom de “ Blanchard ” à la couleur
blanche, on observe la présence distincte d’une rose rouge
dans ce bouquet, rappelant la couleur de la robe de la jeune
femme. Cette fleur peut renvoyer à un premier émoi amoureux
“ rougeoyant ”, dans une maison où, jusque là, la passion
était absente comme les fleurs blanches. Cette idée illustre
le fait scénarique qu’une femme entre dans la vie sentimentale
d’Henry, une vie sentimentale qui est le sujet même du film.
Par cette première remarque, on peut associer la couleur rouge
à la passion amoureuse, et la couleur blanche à son absence.
Si l’on admet cette proposition d’association, le bouquet
de couleur rose (couleur qui se situe entre le blanc et le
rouge), trônant au milieu du salon, lors du vingt-sixième
anniversaire d’Henry, témoigne de la situation d’entre-deux
sentimental dans laquelle il se trouve. Ainsi, lorsque Randolph
Van Cleeve, quelques instants plus tard, monte les escaliers
pour aller sermonner son fils Henry, les roses rouges sur
le palier présagent de cette première passion amoureuse du
jeune homme, tout comme le canapé et la tenture de cette même
couleur. Ce dernier parle d’ailleurs de “ roses ”, lorsqu’il
avoue à sa mère son amour naissant : “ Mother, when one
sees a lovely rose… ”.
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