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Le ciel peut attendre (c) D.R. LE CIEL PEUT ATTENDRE
d'Ernst Lubitsch
Par Philippe LUBAC


SYNOPSIS : Henry Van Cleve vient de passer de vie a trépas. Première étape, l'explication et la justification de sa turbulente existence. Malgré une épouse délicieuse, il ne pus pourtant jamais résister à aucune jolie femme.

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LES OBJETS LE SAVAIENT

  Le ciel peut attendre (c) D.R.

Dans Le ciel peut Attendre de Ernst Lubitsch, le mobilier de la maison Van Cleeve, lieu de la quasi-totalité des scènes du film, semble toujours avoir un savoir en avance d’un petit temps sur les protagonistes, ainsi que sur le spectateur. Il annonce le récit, comme si, dans ces lieux, l’avenir, niché dans une forme de lampe ou dans la couleur d’un bouquet de fleurs, y était déjà écrit. Tout au long de l’œuvre, on a l’impression que le mobilier a une prescience de l’événement. Ceci peut avoir une justification scénarique puisque le film est constitué par un vaste flash-back. Afin de tenter de le montrer, la démarche adoptée dans cette étude est, dans un premier temps, d’isoler un certain nombre de figures récurrentes sur l’ensemble du film, dans un deuxième temps, de déterminer dans quelles conditions ces figures ont un sens métonymique au sein de l’œuvre.

Lorsque commence le flash-back, on entame la vie d’Henry Van Cleeve à son plus jeune âge, alors qu’il est bébé. Dans ce premier temps, les fonds de plan sont habités par divers objets et bibelots, mais leurs significations restent inintelligibles, tels les premiers ânonnements du bébé Henry. Mais déjà, quand Yvette Blanchard, la préceptrice française du jeune Henry, se présente devant la mère du jeune homme, des roses blanches occupent le premier-plan de l’image sur les mots “Yvette Blanchard” que prononce la jeune femme. Plus que cette possible association du nom de “ Blanchard ” à la couleur blanche, on observe la présence distincte d’une rose rouge dans ce bouquet, rappelant la couleur de la robe de la jeune femme. Cette fleur peut renvoyer à un premier émoi amoureux “ rougeoyant ”, dans une maison où, jusque là, la passion était absente comme les fleurs blanches. Cette idée illustre le fait scénarique qu’une femme entre dans la vie sentimentale d’Henry, une vie sentimentale qui est le sujet même du film. Par cette première remarque, on peut associer la couleur rouge à la passion amoureuse, et la couleur blanche à son absence. Si l’on admet cette proposition d’association, le bouquet de couleur rose (couleur qui se situe entre le blanc et le rouge), trônant au milieu du salon, lors du vingt-sixième anniversaire d’Henry, témoigne de la situation d’entre-deux sentimental dans laquelle il se trouve. Ainsi, lorsque Randolph Van Cleeve, quelques instants plus tard, monte les escaliers pour aller sermonner son fils Henry, les roses rouges sur le palier présagent de cette première passion amoureuse du jeune homme, tout comme le canapé et la tenture de cette même couleur. Ce dernier parle d’ailleurs de “ roses ”, lorsqu’il avoue à sa mère son amour naissant : “ Mother, when one sees a lovely rose… ”.