SYNOPSIS :
1799. Encerclant la petite ville de Sleepy Hollow, des bois
sombres et inquiétants abritent le cavalier sans tête. Par les
nuits brumeuses, ce décapiteur en série vient terroriser les
habitants. Le jeune inspecteur de police Ichabod Crane, adepte
d’une approche scientifique du crime, est envoyé de New York
pour résoudre l’étrange énigme. |
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ANALYSE
Quelques mots sur le générique, d’abord :
les noms y ont l'apparence du brouillard, les lettres tombent
comme des feuilles mortes. Alors qu'Ichabod Crane s'approche
de Sleepy Hollow et s'éloigne de New York, on devine déjà
ce que sera l'atmosphère visuelle du film : la brume et la
luminosité affadie qu'elle implique, la forêt morte aux arbres
noirs et effeuillés.
Et, de fait, tout, ou presque, est brumeux, opaque, gris et
noir - gris d'abord, puis noir, et ensuite de nouveau gris
-, Crane est ténébreux, maigre, ascétique, le visage émacié
– “ long graphisme maigre comme une lettre ”, triste
héros à la pâle figure qu'on dirait tout droit sorti d'un
improbable roman gothique.
La lumière n'est pourtant pas absente,
mais elle est comme empêchée, comme retenue. Il y a dans ce
film une sorte d'esthétisme ascétique, dans les couleurs comme
dans les paysages, rien n'est de trop, les “ images fortes ”
que Burton affectionnent sont présentes mais pas surabondantes
(l'épouvantail, les guerriers en ombres chinoises, la maison
des Van Tassel, le moulin...), elles suffisent en tout cas
à suggérer l'ambiance, l'atmosphère, à en imprégner le spectateur
: c'est que chez Burton une image forte est une image qui,
par sa puissance plastique, est comme un pic dans le film,
acmé esthétique capable d'impressionner l'imaginaire du spectateur,
comme la lumière impressionne un support sensible. Pour Burton,
il faut un fil conducteur, un arrière-plan esthétique, comme
un degré zéro de l'apparence, à la fois omniprésent et effacé,
relevé par quelques images au fort pouvoir évocateur, capables
de se graver dans la mémoire du spectateur.
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