Des questions reviennent parfois auxquelles
je n’ai pas de réponses définitives, mais des propositions
de réponses … Comme celle de savoir pourquoi R. Depardon
ne filme pas la fin de la procédure, à savoir le procès des
personnes passant en comparution immédiate. Je réponds de
deux manières, l’une de forme, l’autre de contenu. La réponse
possible « de forme », c’est que R. Depardon n’a
pas pu avoir l’autorisation de filmer le procès (c’était déjà
bien compliqué d’avoir la possibilité de filmer ces situations
d’interrogatoires). Une autre réponse « de contenu »,
celle qui me semble la plus forte, c’est que R. Depardon ait
fait cela par choix : il ne veut pas donner de réponses,
encore moins de solutions, c’est au spectateur de se faire
son idée à partir de ce qu’il a vu.
Délits Flagrants est un film d’émotions …
C’est peut-être une des meilleures
raisons pour dire que c’est un « film ». A cet
égard, deux passages retiennent plus particulièrement l’attention
des élèves : dans un effroi de spectateur, c’est celui,
à la fin, où le substitut refuse de serrer la main à la
personne qu’il vient d’interroger. Et au contraire, avec
un vrai plaisir de spectateur, c’est celui des trois séquences
avec le personnage de Muriel : c’est peut-être un cas
exemplaire, des frontières souvent si ténues entre documentaire
et fiction. Muriel n’est-elle pas là en train de jouer différents
rôles qu’elle s’invente au fur à mesure en fonction de son
interlocuteur ? Avec en même temps, une émotion terrible,
comme celle de cette phrase martelée « je ne veux pas
aller en prison ».
Car Délits Flagrants est un film qui fait aussi rire
parfois, tout en nous interrogeant sur notre monde et sur
la justice. Il le fait avec une rigueur et une force, qui,
j’espère, laissera une trace chez les élèves qui l’ont vu…
Titre : Délits Flagrants Réalisateur :
Raymond Depardon Prises de vue :
Raymond Depardon et Nathalie Crédou Son : Claudine
Nougaret et Sophie Chiabaut Montage : Roger
Ikhlef, Camille Cotte et George-Henri Mauchant Mixage : Dominique
Hennequin Affiche : Roman
Cieslewicz Production :
Pascale Dauman avec la Sept Cinéma, Double D
Copyright films Avec la participation du :
CNC, de Canal + et de la Westdeutschen Rundfunk-Köln Sortie à Paris :
12 octobre 1994 Image : couleur Durée : 109 mn Pays : France Année : 1994