Ainsi, voir comment est présenté
le personnage du Dr Génessier en quelques séquences et relever
la mise en scène axée sur le personnage peut nous aider dans
notre étude. Comment Franju nous fait passer de la représentation
du cliché du membre de l'ordre des médecins vers l'inquiétante
étrangeté. De même, le rôle de Louise interprété par Alida
Valli « opère » le même glissement vers l'étrange.
Tout comme de voir déjà comment, dès le premier plan du film,
on a peur pour elle en début de séquence alors qu'elle finit
par nous faire peur à la fin de la scène. Nous retrouvons
ce glissement, cette altération du réel faisant nous basculer
dans une sourde inquiétude.
Alors qu’avec Sleepy Hollow, nous pouvons affirmer
que nous sommes en présence d’un film aux antipodes de la
démarche d'un Franju, tant tout fonctionne sur le faux et
le pur imaginaire.
Le film est très visiblement un hommage d’un cinéaste cinéphile
aux productions anglo-saxonne de la Hammer avec la présence
de Christopher Lee (Le Dracula des années 60) , un corps-acteur
qui agit comme passeur d’un certain cinéma, à la fois baroque
et nostalgique d’un cinéma de genre.
Que raconte le film ? Un personnage
arrive dans un village où tout lui semble étranger. Il
va devoir y découvrir une machination. C’est le récit d’un
conflit entre le personnage et le monde extérieur.
Mais dans la grande tradition expressionniste, le décor
n'est pas là par hasard. Il entre en relation intime avec
la problématique du héros. Le village est dans sa tête,
c'est une extériorisation de son état intérieur. Où l'on
retrouve le conflit entre rationnel et l'irrationnel.
Mais aussi un questionnement plus profond sur les hommes
et les femmes. Comment reconnaître une bonne mère d'une
mauvaise mère, qui devient ici une bonne ou une mauvaise
sorcière ? Le récit narre ce cheminement intime d’un homme-enfant
(visage d’adolescent de l’acteur) qui devra faire le deuil
de sa mère pour y arriver. Et combattre l'image castratrice
du père qui se retrouve aussi bien dans le cavalier sans
tête que dans la galerie d'hommes pleutres que constituent
les notables du village et se cachent derrière ce qu'I.Crane
appelle lui-même "Le masque de la vertu "