1)
Pier Paolo Pasolini, Empirismo Critico, Milan,
Garzanti, p. 254 2)
« Chez Pasolini, l’antithèse est décelable
à tous les niveaux de l’écriture, jusqu’à la figure
la plus fréquente, l’oxymoron, qui permet de formuler
deux affirmations contraires à propos d’un même
objet » (Franco Fortini, Le Poesie italiane
di questi anni in Il Manabo, n°1, 1960, publié maintenant
dans Saggi italiani, Barri, De Donato, 1974, p.
122-123) 3)
In « La rampe », Petite Bibliothèque des
Cahiers du Cinéma, 1996, p. 117. 4)
Serge Daney, op. cit., p. 78. 5)
C’est par exemple le réactionnaire Lacombe Lucien
de Louis Malle en 1971 qui remplaçait les conditions
historiques de l’existence du milicien par de la
très mauvaise métaphysique (le Mal, de toute éternité,
des grottes de Lascaux à Pétain). C’est aussi le
porno nazi soft Le portier de nuit de Liliana
Cavani en 1974 qui s’ingéniait à penser le nazisme
avec G.W.F. Hegel et Sigmund Freud plutôt qu’avec
Hannah Arendt et Erich Fromm. 6)
C’est la réalité matérielle du film qui s’énonce,
selon la stylistique pasolinienne habituelle (mais
ici de la façon la plus affirmée qui soit), dans
les regards caméra qui en émaillent le rythme, dans
le non professionnalisme de certains acteurs au
jeu d’autant plus « limité » qu’il s’affiche
fraîchement comme tel, dans certains plans tournés
caméra sur l’épaule comme s’il s’agissait d’un reportage,
dans ses raccords frontaux à 360 degrés qui collent
deux images (et les retournent sur elles-mêmes)
aussi radicalement hétérogènes dans leur réalisation
respective que dans leur contenu – ce sont le bourreau
(acteur professionnel) et sa victime (acteur non
professionnel) de part et d’autre d’une ligne infranchissable
pour chacun, la lutte des classes, c’est-à-dire
l’inadéquation fondamentale de leurs positions et
désirs respectifs et signifiés justement dans ce
qui ne se raccorde pas. 7)
C’est l’un des paradoxes de Salò : pour
réaliser le sadisme du film, Pasolini a du faire
preuve d’une bonne part de masochisme pour y réussir. 8)
On rappellera que le terme grec hairesis
duquel est tiré le mot d’hérésie signifie « action
de choisir ». C’est cette hérésie-là que l’on
a fait payer cher à Pasolini. 9)
P.P.Pasolini, Paese Sera, 08 octobre 1972. 10)
In Le Monde, 15 juin 1976. On pourrait objecter
la remarque suivante de Christopher Lasch dans
son livre réédité chez Climats La Culture du
narcissisme (1979) : « Sade imaginait
une utopie sexuelle où chacun avait le droit de
posséder n’importe qui ; des êtres humains,
réduits à leurs organes sexuels, deviennent alors
rigoureusement interchangeables. Sa société idéale
réaffirmait ainsi le principe capitaliste selon
lequel hommes et femmes ne sont, en dernière instance,
que des objets d’échange (…) Dans une société qui
réduirait la raison à un simple calcul, celle-ci
ne saurait imposer aucune limite à la poursuite
du plaisir, ni à la satisfaction immédiate de n’importe
quel désir, aussi pervers, fou, criminel ou simplement
immoral qu’il fût » (cité par Jean-Claude
Michéa, Impasse Adam Smith, Climats, 2002,
p.153-154). 11)
Béatrice Didier, Encyclopaedia Universalis, Corpus
20, 1992, p. 467. 12)
« Lorsque à la fin du film, les maîtres observent
les tortures à travers des jumelles, ils ont toujours
dans leur champ visuel un autre maître. La maîtrise
ne voit que la maîtrise » (Serge Daney, op.
cit., p. 120). 13)
Les quatre parties de Salò se nomment : Antinferno,
Cercle des passions, Cercle de la merde, Cercle
du sang. 14)
Empirismo Eretico, op. cit., p. 230. 15)
Michel Foucault, Surveiller et punir, Gallimard,
1974. 16)
Tempo, 30e année, n°32, 06 août 1968. 17)
Una visione del mondo epico-religioso, colloquio
con Pasolini in Bianca e Nero, XXV, n°6, juin 1964. 18)
Risques évidemment jamais pris par ce que l’on appelle
généralement l’industrie du cinéma pornographique
(le panopticon télé-visuel qu’est, entre autres
programmes de haute surveillance contemporains,
Loft Story, se distingue justement par l’inclusion
au sein du dispositif de ce qui demeure masqué
ailleurs, le pouvoir auquel il est demandé au spectateur
de s’identifier) : par exemple de montrer au travail
le désir des exploiteurs (que l’on nomme à tort
producteurs alors qu’ils ne produisent rien) soumettant
verbalement les corps produisant pour lui des actes
sexuels commercialisés plus tard. C’est toute la
beauté du bien-nommé Pornographe (2001) de Bertrand
Bonello que de filmer l’actrice de film porno pratiquant
une fellation sous les recommandations habituellement
hors-champ du « producteur » du film qui
seront effacés au mixage. Outre la citation de Pasolini
sur les pères et les fils adjointe à la fin du film,
Le Pornographe a retenu le principe éthique de restitution
à l’œuvre dans Salò de ce qui est d’ordinaire idéologiquement
caché. 19)
Pier Paolo Pasolini, Zeichnungen und Gemälde, Bâle,
Balance Rief, 1982.
1961Accatone avec Franco Citti, Franca Pasut 1962Mamma Roma avec Anna Magnani, Ettore Garofalo 1963
La Rage / La Rabbia 1963La Ricotta avec Laura Betti, Orson Welles 1963Rogopag de Jean-Luc Godard, Pier Paolo Pasolini
avec Orson Welles 1963Quatre histoires comiques 1964Enquête sur la sexualité / Comizi d'amore
avec Pier Paolo Pasolini 1964
Repérages en Palestine pour L'Évangile selon
saint Matthieu 1964L'Evangile selon Saint Matthieu avec Enrique
Irazoqui 1965Des oiseaux petits et grands avec Toto, Ninetto
Davoli 1965Toto au cirque / Toto al circo 1966Le Streghe avec Silvana Mangano, Alberto
Sordi 1966La Terre vue de la Lune 1967Oedipe roi / Edipo re avec Franco Citti,
Alida Valli 1967Qu'est-ce que les nuages ? / Che Cosa sono le
Nuvole 1968La Sequence de la fleur de papier 1968Theorème / Teorema avec Silvana Mangano,
Terence Stamp 1968 Notes
pour un film sur l'Inde avec Pier Paolo Pasolini 1969Porcherie / Porcile avec Pierre Clementi,
Jean-Pierre Léaud 1969Médée / Medea avec Maria Callas, Laurent
Terzieff 1970Les Murs de Sana'a / Le Mura di Sana'a 1970
Carnets de notes pour une Orestie africaine
avec Pier Paolo Pasolini 1971Le Decameron / Il Decameron avec Franco Citti,
Ninetto Davoli 1972
Les Contes de Canterbury avec Franco Citti,
Laura Betti 1974Les Mille et Une Nuits avec Franco Citti,
Franco Merli 1975Salo ou les 120 journées de Sodome avec Paolo
Bonacelli