SYNOPSIS :
Paris, l'été, un week-end de grand départ. Antoine se réjouit
de retrouver sa femme Hélène pour partir chercher leurs enfants
en colonie de vacances dans le sud de la France. Elle est
en retard, il boit en l'attendant.
Dans la voiture, exaspéré par la chaleur et les embouteillages,
Antoine décide de quitter l'autoroute et s'arrête encore dans
un bar. Sous l'excitation de l'alcool, il se met à conduire
de plus en plus dangereusement. Le couple se dispute violemment.
Hélène décide de partir à pied, seule dans la nuit.
La police est à la poursuite d'un criminel en cavale. Antoine,
à la recherche de sa femme, croise la route d'un étrange individu...
|
....................................................................
|
ANALYSE
|
|
|
|
Feux rouges
confirme magistralement une réalité du paysage cinématographique
français actuel : Cédric Kahn est le plus grand cinéaste
français de l’angoisse. Non pas tant en tant que contenu ou
effet recherché sur le spectateur, selon une démarche classique
d’une recherche de la peur. Mais en tant que motif qui anime
les personnages et en tant que principe structurant du récit.
Bref, l’angoisse chez Cédric Kahn est une matière et une forme,
un thème et une structure.
Adapté d’un roman de Simenon, dont l’action se déroule aux
Etats Unis, Feux rouges est d’abord un film sur le
couple, confronté à une crise majeure qui va vérifier (ou
pas) la solidité et la vérité de leur amour. Le récit est
centré sur l’homme (Jean-Pierre Darroussin). Antoine, employé
d’assurances ordinaire, attend sa femme, belle avocate d’affaires
(Carole Bouquet) pour prendre la route des vacances et rejoindre
leurs deux enfants dans les landes. Mais un retard de sa femme
va déclencher un acte lourd de conséquences : Antoine se met
à boire. Ensuite, exaspéré par les embouteillages, énervé
par sa femme, il s’arrête dans les bars pour boire de plus
belle. A la suite d’une violente dispute, sa femme disparaît
littéralement…
L’angoisse atteint son seuil maximal à partir d’un schéma
ultra classique : la disparition de l’être aimé, la perte
de l’objet d’amour. Mais déjà la force et la rigueur du récit
de Feux rouges procèdent d’un décalage progressif de
la réalité ordinaire, qui aboutit presque, selon un tempo
croissant, à un basculement dans le fantastique (en ce sens
, il faut souligner l’apport de Laurence Ferreira Barbosa,
co-scénariste fidèle de Cédric Kahn) . Cela commence par de
petites touches discrètes (les verres que boit Antoine…) puis
prend des proportions de plus en plus considérables et cauchemardesques.
Précisément, le personnage d’Antoine, à partir du moment ou
il boit, c’est à dire qu’il franchit une limite, exprime
son envie de « sortir des rails », d’échapper un
peu à un cadre de vie banal et étouffant ( un couple stable,
la route habituelle des vacances, les enfants…). De ce point
de vue, l’étrange aventure qui va survenir à Antoine est comme
un accomplissement au pied de la lettre de ce désir de dérailler
qui tient aussi à un désir de destruction, la fameuse pulsion
de mort. On retrouve le postulat d’Eyes Wide Shut,
autre immense film sur le couple, qui tient au conflit entre
le besoin d’ordre, de sécurité et le désir inverse d’aventure,
de destruction.
|