Dans le cinéma de Cédric Kahn, cet
état engendre une dynamique obsessionnelle qui affecte le
comportement du personnage et la mécanique du récit. Ainsi
Antoine, à l’instar des autres personnages kahniens, apparaît
comme un névrosé obsessionnel, enclin à un sentiment de paranoïa.
Il enchaîne une série de gestes répétitifs, compulsifs. Cette
logique obsessionnelle culmine dans la forme narrative de
l’enquête, qu’on retrouve dans les derniers films de Kahn.
Car il s’agit toujours d’atteindre ou de retrouver un être
qui vous échappe.
Ainsi dans la seconde partie du film, la partie diurne correspondant
au dégrisement et à la reprise de ses esprits du personnage,
qui suit la partie nocturne de la dérive et de l’ivresse.
A ce moment, Antoine use de sa raison pour déchiffrer une
situation parfaitement mystérieuse. La ligne de partage du
récit est si brusque qu’elle incite à se demander si toute
l’escapade nocturne n’est pas un rêve. De fait l’enquête d’Antoine
n’est pas seulement axée sur sa femme, mais elle va procéder
d’une mise à la question intensive de la réalité, afin de
s ‘assurer de sa véracité même. La logique obsessionnelle
culmine ici dans le véritable morceau de bravoure de la longue
séquence du téléphone, où Antoine se lance dans un cycle interminable
de questions afin de recoller les morceaux d’une réalité éparpillée
et de reconstruire la vérité, c’est-à-dire de retrouver la
trace de sa femme. Cette scène est du pur Cédric Kahn, où
la mise en scène, privilégiant la dynamique obsessionnelle
sur le réalisme, atteint un degré de tension et de suspens
impressionnant.
Une fois n’est pas coutume,
Feux rouges se clôt sur un happy end : le mari
et la femme retrouvés et réconciliés, et l’angoisse surmontée.
Reste que le film pousse encore un peu plus loin la tendance
du cinéma de Cédric Kahn à aborder les rivages du fantastique.
Ici, le cinéaste s’est autorisé des scènes de cinéma pur,
cultivant une forme d’irréalisme, qui contribuent à brouiller
les frontières entre le fantasme et la réalité, dans le cadre
d’un pur récit d’angoisse.
2003Feux rouges
avec Jean-Pierre Darroussin, Carole Bouquet 2000Roberto Succo avec Stefano Cassetti, Isild
Le Besco 1998
L'Ennui avec Charles Berling, Sophie Guillemin 1996Culpabilité zéro avec Vincent Berger, Marie
Mure 1994Trop de bonheur avec Estelle Perron, Malek
Bechar 1991Bar des rails avec Fabienne Babe, Brigitte
Roüan 1990Les Dernières heures du millénaire avec N.
Richard, L. Masson 1989Nadir