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Triple Agent (c) D.R. TRIPLE AGENT
d’Eric Rohmer
Par Damien STROKA


SYNOPSIS : En 1936, le Front Populaire et la Guerre d'Espagne agitent les esprits. Fiodor, un jeune général de l'armée tsariste réfugié à Paris avec son épouse grecque Arsinoé, participe au trouble ambiant. Pendant qu'elle sympathise avec des voisins communistes, il effectue des voyages secrets et aime à inquiéter son entourage. S'il ne cache pas qu'il est un espion, il ne dit pas pour qui il travaille. Mais le sait-il lui-même ?

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Retour sur Triple agent d'Eric Rohmer à l'occasion de la sortie du film en DVD aux editions Blaq Out. Vous pourrez notamment découvrir dans cette edition L’Affaire Miller-Skobline, un entretien exclusif de 38 minutes entre Nicolas Werth (historien, chercheur au CNRS) et Irène Skobline (nièce du général) qui raconte comment elle a été amenée à s’intéresser à ce fait divers historique et, petit à petit, à remettre en question la thèse généralement admise de la culpabilité de son oncle. Grâce à la récente ouverture des archives du KGB, Irène Skobline a acquis la certitude que son oncle a été au centre d’une manipulation tendant à réduire à néant l’influence du ROVS (l’ancienne armée Blanche). Aux commandes de cette manipulation : le Gouvernement du Front Populaire et L’Union Soviétique réunis !

PEINTURE ET PAROLE

Arsinoé et Fiodor, huis clos verbal

  Triple Agent (c) D.R.

Fiodor est russe, il parle. Arsinoé est grecque, elle écoute. Fiodor voyage, Arsinoé reste chez elle et, pour l’essentiel, peint. Ses tableaux sont sans modèle : jamais Arsinoé ne sort de son atelier, mais travaille de mémoire. Sa peinture, bien que figurative et naïve, est abstraite : la mémoire, c’est du monde maintenu et non acté. Retirée du monde, Arsinoé est vouée à la représentation.

A l’inverse, Fiodor, lui, est bel et bien dans le monde - du moins son attitude le laisse-t-elle entendre. A Arsinoé, il fait le récit, en français, de choses qu’on ne le voit pas faire. Il voyage, paraît-il : il fait ses valises, part et revient. Mais, à proprement parler, la seule preuve de ses activités, c’est l’évidence de ses absences. Malgré tout, Fiodor, qui ne cache pas être un espion, parle volontiers, de ça et du reste : lui aussi est dans la représentation, non plus picturale mais verbale. Peinture et parole forment ainsi, et à la fois, comme la coupure et la réconciliation entre le couple et le monde : c’est en tout cas les seuls procédés par lesquels, dans son intériorité, il rend présent un monde extérieur dont on ne voit que des bribes.