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La Jeune Fille à la perle (c) D.R. LA JEUNE FILLE A LA PERLE
de Peter Webber
Par Mélissa CHEMAM


SYNOPSIS : Delft, XVIIème siècle, l'âge d'or de la peinture hollandaise. La jeune et ravissante Griet est engagée comme servante dans la maison du peintre Vermeer. Elle s'occupe du ménage et des six enfants de Vermeer en s'efforçant d'amadouer l'épouse, la belle-mère et la gouvernante, chacune très jalouse de ses prérogatives. Au fil du temps, la douceur, la sensibilité et la vivacité de la jeune fille émeuvent le maître qui l'introduit dans son univers. A mesure que s'affirme leur intimité, le scandale se propage dans la ville.


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DE L’OMBRE À LA LUMIÈRE : UN RAYON PICTURAL

  Peter Webber (c) D.R.

Peter Webber s’est-il posé la question du défi ? Rendre à l’écran l’émotion mais surtout la force qui se dégagent d’une toile hors du commun, connue de plus du plus grand nombre, s’est toujours révélé une gageure.

Un unique décor est dressé dans le film de Peter Webber pour reconstituer l’atmosphère du roman de Tracy Chevalier, La Jeune fille à la perle, celui de la petite ville flamande de Delft. A travers tous les éléments qui en font partie, ce décor doit en effet  restituer la genèse d’une œuvre désormais plus que célèbre, un tableau de Jan Vermeer de Delft exécuté entre 1665 et 1666 que l’on a désormais coutume de nommer La Jeune Fille à la perle. Bien que la biographie du peintre ait été établie avec précision par de nombreux historiens de l’art, l’histoire personnelle de la naissance de ce chef d’œuvre n’est pas exactement connue. C’est donc à partir de faits biographiques que Tracy Chevalier a cherché à recréer le contexte de cette genèse et à en éclairer les motivations intimes par un peu d’imagination. On peut constater aisément que le roman découle en quelque sorte essentiellement de l’observation du tableau, du visage de la jeune personne représentée, visage « à la fois triste et lumineuse » selon Tracy Chevalier.

Le film de Peter Webber reste très fidèle au livre. Selon les producteurs du film, ce réalisateur de fictions et documentaires pour la télévision britannique devait nécessairement en venir au cinéma. Et le choix de ce roman particulier découle directement de sa passion simultanée pour l’art et  le cinéma. La subtilité du mélange de reconstitution historique et de fiction repose d’abord sur l’élaboration du décor, qui recrée une atmosphère et l’ensemble des contraintes qui lui était propres, mais également sur les épaules du jeu de Scarlett Johansson, dont la ressemblance avec le modèle est cultivé tout au long du film. Autour de ce motif ancré dans les traits même du visage de l’actrice, le réalisateur, à l’instar du peintre Vermeer, part à la recherche d’un éclat lumineux. Cette recherche aboutit à filmer un jeu de clair-obscur de couleurs primaires dans le froid soleil d’une Flandres reconstituée à merveille. Les fenêtres, embrasures de porte, baies vitrées et autres clartés de bougies sont autant d’instruments de mise en valeur des carnations essentielles au peintre. Carnations qui se retrouvent cristallisées sur la personne de la jeune servante, Griet, que sa pauvre famille est obligée d’envoyer chez les Vermeer. Vert-de-gris de ses yeux, vieux rose des lèvres, blanc cassé des linges et opale pur du visage. Un tel jeu de couleurs ne pouvait qu’aiguiser l’inspiration du peintre. Les images de Peter Webber laissent toute la place nécessaire à cette lente montée de l’observation de l’artiste. Dans la première partie du film, en effet, les contacts entre la nouvelle servante et son maître sont presque inexistants puis progressivement à peine furtifs. Et apparaît ensuite clairement que contrairement à la maîtresse de maison aux multiples parures, aucune beauté artificielle ne vient parasiter l’harmonie des traits et des nuances propres au visage de Griet.