SYNOPSIS : Deux
hommes, nommés tous deux Gerry, traversent en voiture le désert
californien vers une destination qui n'est connue que d'eux
seuls. Persuadés d'atteindre bientôt leur but, les deux amis
décident de terminer leur périple à pied. Mais Gerry et Gerry
ne trouvent pas ce qu'ils sont venus chercher ; ils ne sont
même plus capables de retrouver l'emplacement de leur voiture.
C'est donc sans eau et sans nourriture qu'ils vont s'enfoncer
plus profondément encore dans la brûlante Vallée de la Mort.
Leur amitié sera mise à rude épreuve. |
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ANALYSE
Écrire sur Gerry est facile.
C’est un film remarquablement ouvert, dans lequel les répliques
se comptent sur les doigts d’une main. Ouvert, il l’est au
sens spatial du terme puisqu’il se déroule exclusivement dans
un espace où l’homme est la plupart du temps éclipsé ou absent.
Il l’est également au sens sémantique, puisque rien n’est
dit ni sous-entendu, et que le sens y est à la fois omniprésent
et impalpable.
Écrire sur Gerry est difficile. Parce qu’après Elephant,
tout le monde va se s’emparer du film et ne pas tarir d’éloges
- fondés ou non, sur lui. Parce que le seul fait que son réalisateur
ait obtenu une palme d’or, légitime tous les superlatifs alors
que ce film – bien que plastiquement superbe - n’entretient
que peu de rapports avec celui qui lui succède directement
(dans la filmographie de Gus Van Sant). Les superlatifs desservent
la critique plus souvent qu’ils ne la servent.
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Écrire sur Gerry devrait n’être
ni facile, ni difficile. Cela devrait être une expérience
(NB, ceci est une piste, pas un programme). À l’expérience
du cinéma devrait correspondre l’expérience d’une écriture.
Cela n’implique absolument pas que l’écriture devienne elle-même
expérimentale, mais qu’elle accepte – pour mieux adhérer à
son objet – de repousser ses propres limites, d’oublier des
critères qui sont généralement ceux du cinéma classique (tels
qu’il sont définis par l’industrie), par rapport auxquels
Gus Van Sant a précisément tenté d’entrer en rupture.
Écrire sur Gerry est une expérience nécessaire donc,
parce que ce film oblige à parler d’un rapport à l’espace,
au temps, au corps des acteurs, redécouvert par le cinéma
moderne. Ce rapport n’est pas réglé, c’est un rapport de questionnement.
Il interroge : quelle échelle, quelle durée, quel corps ?
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