Annuaire boutique
Librairie Lis-Voir
PriceMinister
Amazon
Fnac

     

 

 

 

 

 
Carpenter (c) D.R.

Prince of Darkness reprend ce schéma du mal qui ne cherche pas à se dissimuler, et qui, à l'inverse, préfère se montrer, se dévoiler, se répandre littéralement sur le monde et les Hommes. L'expansion est en effet l'un des thèmes fondamentaux du discours Carpenter-ien où le mouvement de foules incontrôlables (Assault on Precinct 13, Escape from New York, Ghosts of Mars) répond à la contamination des corps (The Thing, In the Mouth of Madness). Le corps, physique, social, n'est jamais parfaitement stable et est constamment pris au bord de la rupture ou de la révolution, prêt à basculer dans l'inconnu pour devenir autre chose, et échapper au contrôle de la raison.

Aussi, Prince of Darkness est un film « au premier degré, brutal et sans concession », où, comme dans The Thing ou In the Mouth of Madness, les personnages ne pourront se fier à personne -ils seront héros ou bien ennemis selon qu'ils sont ou non infectés par le mal-, et où toutes les certitudes, scientifiques ou religieuses, s'effondrent pour laisser la place à la paranoïa et au désespoir. Les protagonistes de Prince of Darkness se battent en effet contre une force autrement plus puissante qu'eux, une puissance millénaire et proprement invincible qui ne peut être que retardée dans son anéantissement du monde.

  Prince of Darkness (c) D.R.

Comme dans les nouvelles de H. P. Lovecraft dont Carpenter est un fervent admirateur, l'apocalypse est une certitude, et seule sa date est encore inconnue des Hommes. Comme dans les nouvelles de Lovecraft, le panthéon des forces infernales n'a pas de réelle contrepartie. Pour chaque créature maléfique, invulnérable, qui vient terrifier l'Humanité jusque dans son sommeil, il n'existe aucune force positive capable de rétablir un semblant d'équilibre dans le cosmos. Notre monde, à une époque désormais oubliée, appartenait en réalité aux forces maléfiques et retombera dans ses griffes dans le futur proche, et c'est la race humaine entière qui est une simple parenthèse dans le cours de l'histoire du monde.

Seuls les hommes et les femmes volontaires, prêts à se sacrifier pour leurs compagnons, font face aux démons et permettent aux héros des films de Carpenter de conserver leur humanité. Comme le rappelle le cinéaste, « Il faut se confronter au mal personnellement. Face à face avec le diable, peau contre peau. »   Cette confrontation que le cinéaste appelle de ses vœux a ici lieu dans l'endroit qui, pour lui, est réellement porteur de sens, dans une église où, comme souvent, la corruption est rendue visible –The Fog, In the Mouth of Madness, Vampires, plus anecdotiquement dans They Live. Elle est le lieu où devient apparent la réalité de forces plus puissantes et plus anciennes que ce que l'Homme peut même appréhender, et où son combat pour survivre fait sens sous l’œil du personnage du pasteur.