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Blue Velvet BLUE VELVET
De David Lynch
Par Nachiketas WIGNESAN, universitaire, critique et formateur de cinéma


SYNOPSIS :
À Lumberton, sur le chemin de l’hôpital où il va voir son père victime d’une crise cardiaque, Jeffrey découvre une oreille coupée. Il la porte à l’inspecteur Williams qui est également le père de sa petite amie Sandy. Celle-ci met Jeffrey sur une piste : la chanteuse de cabaret, Dorothy Vallens qui vit sous la coupe d’un souteneur pervers, drogué à l’oxygène, Franck Booth.

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BLUE VELVET
OU LE CINEMA ORGANIQUE DANS TOUS SES ETATS



  Blue Velvet

Les films, les photographies et les toiles de David Lynch débutent par la découverte d'un corps : un cadavre ou bien un monstre. Ce corps introduit le chaos dans le film et déclenche l’histoire. Ainsi, dans Blue Velvet, le héros trouve une oreille humaine qui sert de point de départ à une enquête policière qui l'initiera à l'amour (à son corps) et le mènera à l'âge adulte. Le corps est perçu, ici, comme un élément perturbateur. Tel un grain de sable, il vient enrayer une énorme machine : le film. Pour cet emploi atypique des corps, David Lynch est ce que j’appellerai un cinéaste organique.

Laissons-lui l'opportunité de le confirmer dans un entretien télévisé réalisé à la suite de Blue Velvet :

« J'imagine un canard quand je travaille sur un film ou quand je peins. Car quand on observe un canard, on voit des choses bien précises. On voit un bec. Et le bec a une texture donnée, une longueur donnée. Ensuite, on voit une tête dont les plumes ont une texture et une forme données (...). La texture du bec, par exemple, est très lisse. Elle recèle des détails très précis (...). Les pattes sont plus grandes et caoutchouteuses. (...) Et puis, le corps est énorme. Mais il est plus doux. Sa texture est moins détaillée (...). Mais la clé de tout le canard, c'est l'oeil et l'endroit où il se situe. Il est forcément placé dans la tête (...). S'il était sur le bec ce serait trop chargé, trop lourd, ça ne rendrait pas si bien. S’il était au milieu du corps, il serait perdu (...). Il est placé sur la tête pour être mis en valeur, comme un bijou (...). Donc quand on travaille sur un film, souvent on a le bec, les pattes, le corps, tout... Mais l’œil du canard, c'est une scène particulière du film. (...) N'importe qui peut faire du cinéma... mais, trouver le ton juste, c'est excitant...et, on le trouve en soignant les détails. Donc, les détails sont essentiels. S'ils ne sont pas justes, ça fiche toute l'atmosphère en l'air. Donc, si le son, la musique, la couleur, la forme, la texture... si tous ces éléments sont exacts, et qu'une femme a un certain regard et dit le mot juste, alors là on est parti, on est au paradis ! Mais tout dépend des petits détails. » (extrait de Cinéastes de notre temps : Don’t look at me  réalisé par Guy Girard en 1988 pour La Sept).