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David Lynch semble nous proposer ici une recette / formule
pour réaliser un film, et mieux encore : un "mode d'emploi"/instrument
critique et d'analyse de ses films. Qu'est-ce que ce discours
nous apprend sur le cinéma? ou sur la manière d'en faire?
A première vue, un film pour David Lynch, est un ensemble
"organique": un corps. Tentons de voir dans le détail
de quelle(s) manière(s) David Lynch produit des films "organiques"
et quel est leur impact sur le spectateur -qui après tout
n'est qu'un corps.
Si nous concevons qu'il existe de telles choses que des films
"organiques", nous pourrions essayer de les définir
et énoncer des exemples.
L'étude du corpus lynchéen nous aura permis de relever
deux mouvements qui articuleraient le cinéma de David Lynch
:
ORGANE-ISATION et/puis DES-ORGANISATION
Cette découverte est le fruit d'une
analyse systématique du corpus lynchéen -surtout dans son
rapport avec l'exposition/exhibition des corps.
La phase d'organe-isation se caractérise par une "humanisation"
d'éléments (du décor ou pas), a priori, inanimés, ce
qui révèlerait le caractère ambivalent de l'image cinématographique
et tendrait vers une visualisation de l'invisible -voire de
"l'inconscient", comme somatisation de l'espace.
Ce mouvement, cette dynamique, apparaît comme une volonté
évidente d'épuration de la narration: l'image n'est plus que
mouvements qui peuvent s'interpréter comme autant de cycles...
organiques et sexuels.
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L'histoire (la diégèse) est reléguée au second plan.
La fiction ne vaut plus que pour ce qu'elle implique, propose:
des opportunités de mettre en rapport des personnages/corps.
Evidemment ces corps seront plongés dans un rapport de violence
(etc.) plus facilement si le film intègre une politique de
"genre". C'est ainsi que David Lynch n'a guère quitté
le genre fantastico-horrifico-policier qui permet de "faire
passer" tous les abus du corps (meurtres, viols, dépravations
sexuelles, explosions de corps...) comme s'intégrant dans
la diégèse. Et ne choquant pas ainsi le spectateur et respectant
de même l'illusion de réalité qui sous-tend l'acceptation
de ce type de films.
Plutôt que de parler de méta-langage cinématographique, admettons
qu'il s'agit avec cette organe-isation de l'image, de rendre
le spectateur sensible aux films à un niveau physiologique
(grâce à une optimisation des effets cinématographiques) et
peut-être psychologique, par son étrangeté.
Ensuite, nous avons relevé l'existence d'un mouvement qui
en première instance pourrait lui être opposé: la dés-organisation.
Mais, cette dés-organisation n'est-elle pas tout simplement
un avatar de l'organe-isation poussée à son paroxysme? Puisque
nous entendons par dés-organisation, l'effacement de l'organicité
des personnages pour former une entité organique qui prendrait
en main la dynamique de l'histoire ou parfois, et plus simplement,
un glissement des fonctions organiques...
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