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Blue Velvet

Dans les deux cas de mesures, la dés-organisation aboutit par son côté trop systématique à un état de confusion, qui en réalité nous intéresse plus que les autres concepts déjà énoncés, puisque la confusion est l'essence même du cinéma du réalisateur. Le plus souvent, elle est issue d'une non-adéquation de l'espace sonore avec le monde visuel qui devrait lui correspondre : décalages, contre-points, effets bigger than life. En somme, c’est comme si l'image n'avait d'intérêt que comme ré-interprétation de souvenirs sonores. Et, c'est là que l'on touche peut-être à une esquisse de début de réponse que peuvent et devraient se poser tous les futurs (et anciens) réalisateurs : à quoi sert le cinéma? Seule une clarification de la question permettant de savoir comment en faire.

Sans vouloir psychanalyser David Lynch à travers son oeuvre, il existe quelque chose qui tiendrait de la représentation de l'invisible dans cette insistance à vouloir confondre les sens/l'essence des choses. Cependant, mieux vaudrait écrire reproduction de l'invisible, vu la pré-éminence sexuelle des films de David Lynch. Evidemment, figurer des souvenirs auditifs et visuels est une entreprise qui tient aussi de la reproduction du rêve, ce qui expliquerait le "fantastique" de certaines scènes de l'image(rie) lynchéenne, que les critiques qualifient trop facilement de surréalistes.

Mais revenons un instant au physiologique: la confusion systématique des sens et de l'intelligence mène droit au malaise. Celui-ci est constant chez David Lynch, donc important à relever et surtout à étudier.

  Blue Velvet

Le malaise est présent, presque par contrat, puisque en s'attaquant aux corps, David Lynch décide d'ancrer la peur (voire l'horreur) dans le quotidien le plus banal. Ainsi, en pensant plus loin, chaque image (surtout la plus anodine) porte potentiellement en elle l'"âme" du film. Il s'instaure de fait une relation de mesmérisation du spectateur devenu voyeur et c'est là le thème de Blue Velvet: qu'arrive-t-il lorsque l'on est témoin de choses que l'on n'aurait pas dû voir -ou dû entendre?

Ce qui peut également s'énoncer différemment : comment montrer ce qui ne se montre pas (au cinéma)?    

Adoptons maintenant une démarche lynchéenne en tentant de trouver l’œil du canard -de Blue Velvet. Pourquoi choisir ce film? Sans doute parce que c'est son film le plus abouti et le plus insidieux par sa forme, a priori, anodine.

Soyons cependant magnanimes, repérons ensuite le deuxième oeil du canard. Même s'il parait évident que David Lynch  lui aura au moins donné 3 yeux!

Le premier oeil du canard Blue Velvet semble observer la scène d'ouverture du film: 3 ou 4 minutes qui exposeront l'organe-isation lynchéenne.