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Blue Velvet (c) D.R. DOSSIER LYCEENS
ET APPRENTIS AU CINEMA


BLUE VELVET

de David Lynch
Par Vincent DEVILLE
doctorant en Histoire et
Esthétique du cinéma
(Paris I - Sorbonne), conférencier
au Département pédagogique
de la Cinémathèque Française


SYNOPSIS : À Lumberton, sur le chemin de l’hôpital où il va voir son père victime d’une crise cardiaque, Jeffrey découvre une oreille coupée. Il la porte à l’inspecteur Williams qui est également le père de sa petite amie Sandy. Celle-ci met Jeffrey sur une piste : la chanteuse de cabaret, Dorothy Vallens qui vit sous la coupe d’un souteneur pervers, drogué à l’oxygène, Franck Booth.

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AUTOUR DE BLUE VELVET

  Eraserhead (c) D.R.

La grande particularité de David Lynch, tout comme Takeshi Kitano et Abbas Kiarostami, dont les films sont au programme de Lycéens au cinéma pour l’année 2003-2004, est d’être un artiste pluridisciplinaire. Pas un art qu’il n’ait abordé : peinture, sculpture, photographie,  bande dessinée, écriture, musique, design, architecture, publicité, clip. Lynch est avant tout un constructeur : le cinéma, art du montage, lui permet de réunir ses nombreux talents au sein d’une même forme. Pour avoir un aperçu global de son œuvre, je conseillerais les entretiens qu’il a accordés à Chris Rodley[1], qui offrent le double avantage d’exposer la démarche de cinéaste ainsi que l’ensemble de son travail non cinématographique, en la matière d’une riche iconographie. Blue Velvet est un film charnière dans l’œuvre de Lynch. Après ses premiers courts métrages et Eraserhead (1976), réalisés dans un cadre “ scolaire ”, après deux films de commande, Elephant Man (1980) et Dune (1984), il revient à un projet vraiment personnel, qu’il a entièrement écrit et dont il sera le seul maître à bord. Le film marque également sa rencontre avec le musicien Angelo Badalementi, qui reste aujourd’hui encore son compositeur attitré.


Un maître de l’oxymore

Confronter, mettre en présence des univers étrangers, observer des mondes distincts qui se jouxtent ou se chevauchent : voilà la marque de fabrique de Lynch. Passionné de langage et de la potentialité du verbe, le cinéaste opère un premier geste d’assemblage, avant même l’étape du montage, dans le titre de ses films. À l’exception de Dune, ils sont tous constitués de deux mots accolés, qui provoquent un frottement plus ou moins important, que l’on pourrait presque comparer à une dissonance en musique. Eraser/Head, Elephant/Man, Wild (at) Heart, Industrial/Symphony, Twin/Peaks, Hotel/Room, Lost/Highway, Straight/Story, Mulholland/Drive. Le titre du film comme premier geste de raccordement : un ouvroir poétique à l’univers du film. Velours/bleu…