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En surface

  David Lynch (c) D.R.

Comme la caméra qui en quelques minutes est passée de la vue sur la ville en surface à la profondeur noire et grouillante de vermine, le film explore les tréfonds de l’humain. Panneaux publicitaires, façades anonymes, portes d’appartement, rideau d’hôpital ou tenture de velours bleu : autant de surfaces, d’apparences et de clichés que Lynch s’emploie à traverser pour découvrir la véritable nature des choses. Et la découverte que font les personnages est que le monde est multiple, toujours ambivalent, chaque élément possède une série de répliques situées à des degrés divers sur l’échelle du bien eu du mal. Ainsi, deux figures paternelles peuvent remplacer le père de Jeffrey : le détective Williams en bon père de famille, Franck le mal incarné. Il en est de même pour les lieux : la chambre de poupée de Sandy a pour pendant l’appartement de Dorothy, véritable scène-loge de théâtre – Dorothy, Jeffrey puis Franck tour à tour s’y déshabillent, ôtent une perruque, chacun s’y expose et dévoile sa véritable nature, c’est le lieu de toutes les révélations.

La structure de Blue Velvet s’apparente à celle du conte, ce qui explique qu’on y trouve autant de thèmes liés à la psychanalyse, au roman d’apprentissage, à l’aventure initiatique : rapports à l’autorité parentale, meurtre du père, découverte de la sexualité, de la ligne de partage entre le bien et le mal, etc. Ce qui en fait un film saturé de signes, qui invite d’emblée à l’analyse. Qu’est-ce qui nous anime ? demande Lynch, comme nous nous demandons ce qui agite le rideau rouge chez Dorothy [2]. Réponse : les pulsions enfouies qui ne demandent qu’à être libérées. En fin de compte, le véritable devenir-adulte consistera pour les personnages à passer les limites et à en revenir, à faire l’expérience des multiples facettes pour admettre que la marche du monde repose précisément sur son hétérogénéité. Et de fait, de quoi se nourrit le rouge-gorge porteur d’amour ? De cafards, évidemment !





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1)
David Lynch, Entretiens avec Chris Rodley, 1997, tr. Serge Grünberg, Paris, Cahiers du cinéma, 1998.
2)
On pense aux eaux-fortes La Fenêtre ouverte (1915-18) et Vent du soir (1921) du peintre américain Edward Hopper (1882-1967), une grande influence pour l’esthétique de Lynch




2001 Mulholland Drive avec Laura Elena Harring, Naomi Watts 
1998 Une histoire vraie / The Straight Story avec Harry Dean Stanton
1997 Lost highway avec Bill Pullman, Patricia Arquette 
1991 Twin Peaks avec Sheryl Lee, Ray Wise
1990 Sailor et Lula / Wild at heart avec Nicolas Cage, Laura Dern
1986 Blue velvet avec Kyle MacLachlan, Isabella Rossellini
1984 Dune avec Kyle MacLachlan, Francesca Annis
1980 Elephant Man / The Elephant Man avec John Hurt, Anthony Hopkins
1976 Eraserhead / Labirynth man avec Jack Nance, Charlotte Stewart