Annuaire boutique
Librairie Lis-Voir
PriceMinister
Amazon
Fnac

     


 
 

 
 
 
Meurtre dans un jardin anglais (c) D.R. MEURTRE
DANS UN JARDIN ANGLAIS

de Peter Greenaway
Par Gilles VISY
de l’Université de Limoges


SYNOPSIS  : Au XVIIe siècle, une aristocrate, profitant de l'absence de son mari, engage un peintre pour immortaliser son domaine. En dédommagement, elle lui offre la totale jouissance de son corps. L'artiste découvrira trop tard les buts secrets de cet agréable contrat.

....................................................................


PACTE PERVERS ET INTRIGUE PICTURALE


  Peter Greenaway (c) D.R.
Meurtre dans un jardin anglais de Peter Greenaway est une bataille de perruques exubérantes où l'on conspire sous la poudre et le fard. Sorti en 1982 sous le titre original The Draughtsman's Contract, ce film se livre à l'art perfide et brillant de la conversation mondaine de la gentry anglaise. Derrière cette mascarade maniériste se cachent d'ignobles desseins sous un contrat en bonne et due forme. Un peintre nommé Neville est commandité par madame Herbert, la maîtresse de maison, pour réaliser douze dessins du domaine de Compton Anstey.

 Il s'agit d'un contrat passé en août 1694 dans lequel madame Herbert, délaissée par son mari, propose au peintre de dessiner le manoir selon différents points de vue en échange de ses charmes. Le véritable objet de ce contrat est le sort du domaine de monsieur et madame Herbert. Avec son art, le peintre se compromet dans le meurtre du propriétaire et sa semence prolongera la lignée des Herbert. Dans ce contrat, monsieur Neville d'origine modeste assouvit ses besoins sexuels et sa haine de la classe dominante.

Meurtre dans un jardin anglais (c) D.R.
Malgré les apparences, ce n'est pas madame Herbert qui semble victime de ce pacte « faustien » mais le peintre. Il croit exercer un pouvoir de séduction avec son talent et ses belles paroles alors qu'il sera utilisé, méprisé à son insu, d'une part pour ses services de géniteur et d'autre part pour son statut de gêneur. En effet, il n'appartient pas à la noblesse et sera mis à mort sans se douter de la véritable force de la femme.

Le meurtre de Monsieur Herbert, fomenté par son épouse et sa fille madame Talmann, demeure une allégorie de la guerre des sexes dans laquelle le peintre payera physiquement de sa personne. Il représente le coupable idéal. La belle société aristocratique reporte son courroux sur la classe modeste incarnée par le dessinateur. Au final, on sait une seule chose : les deux femmes, mère et fille, enceintes des œuvres du peintre sont  associées de manière mythologique à la grenade de Perséphone sans doute pour masquer métaphoriquement les intentions des criminelles.