SYNOPSIS : Dans la Cité des
Bosquets, en Seine-Saint-Denis, Kamel est de retour après avoir
purgé une double peine de prison. Il tente, avec le soutien
de sa famille, de se réinsérer dans le monde du travail. Mais
il devient le témoin impuissant de la fracture sociale de son
quartier. |
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L’ESQUIVE IMPOSSIBLE OU LA MEMOIRE CLIVEE
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Engager une réflexion
sur la mémoire des quartiers avec le cinéma pose d’emblée
la question du point de vue et du territoire, avec comme fil
rouge toutes les perspectives (il faut l’entendre aussi comme
ligne d’horizon) qu’offre le cadre. Avec Wesh Wesh,
le cadre du cinéma semble à la fois pris entre deux mouvements
contradictoires et antagonistes : redoubler l’enfermement
du lieu, redondance de la caméra aliénante, qui délimite un
espace clos d’où nul peut s’en sortir, ou bien alors trouver
l’échappée belle, faire surgir le hors-champ du monde, de
tous les mondes possibles pour déguerpir, ne serait-ce que
quelques instants, de ce cadre de vie.
Il y aurait presque une schize du cinéma, partagé entre sa
valeur documentaire, forcément forclose, d’enregistrement
d’un état qui laisse en l’état ce qui est là (cage d’escalier,
hall d’immeuble, terrain vague), d’un être-là, englué, et
une autre respiration, celle d’une romance de tous les possibles,
d’une fiction du quotidien pour échapper à ce réel toujours
trop crasse (le terrain vague réinvestit, la forêt, le lac,
l’amour) Avec, en son cœur, cette lancinante question de l’espace
: comment être, comment parler, comment bouger dans un espace
triplement circonscrit (barres HLM qui barrent l’horizon,
mythe du retour des parents figés malgré eux dans une vision
traditionnelle, faciès systématiquement barrés par la police)
? Wesh Wesh, plus qu’un énième film de banlieue (il
s’agira un jour de tracer l’histoire du passage du cinéma
dit beur du courant des années 70/80, au cinéma de banlieue
à la fin des années 80 jusqu’à nos jours) met en scène toutes
les scénographies possibles (limitées nous le verrons) du
mouvement de la vie à l’intérieur même de ce cadre. Le film,
qui joue sur les deux grandes tendances du cinéma (effet documentaire
et en contre point le romanesque qui affleure) est aussi partagé
entre deux formes, deux encadrements : le gros plan qui cerne
au plus près les visages de tout un chacun et le plan large
comme bouffé de respiration, souvent accompagné d’un rythme
musical jazzy, le long des immeubles, en contre plongées,
qui sont les gratteurs/grapheurs du ciel du peuple.
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