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wesh wesh

WESH, WESH,
QU’EST-CE QUI SE PASSE ?
de Rabah Ameur Zaïmeche

Par Nadia MEFLAH


SYNOPSIS : Dans la Cité des Bosquets, en Seine-Saint-Denis, Kamel est de retour après avoir purgé une double peine de prison. Il tente, avec le soutien de sa famille, de se réinsérer dans le monde du travail. Mais il devient le témoin impuissant de la fracture sociale de son quartier.

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L’ESQUIVE IMPOSSIBLE OU LA MEMOIRE CLIVEE

  wesh wesh

Engager une réflexion sur la mémoire des quartiers avec le cinéma pose d’emblée la question du point de vue et du territoire, avec comme fil rouge toutes les perspectives (il faut l’entendre aussi comme ligne d’horizon) qu’offre le cadre. Avec Wesh Wesh, le cadre du cinéma semble à la fois pris entre deux mouvements contradictoires et antagonistes : redoubler l’enfermement du lieu, redondance de la caméra aliénante, qui délimite un espace clos d’où nul peut s’en sortir, ou bien alors trouver l’échappée belle, faire surgir le hors-champ du monde, de tous les mondes possibles pour déguerpir, ne serait-ce que quelques instants, de ce cadre de vie.

Il y aurait presque une schize du cinéma, partagé entre sa valeur documentaire, forcément forclose, d’enregistrement d’un état qui laisse en l’état ce qui est là (cage d’escalier, hall d’immeuble, terrain vague), d’un être-là, englué, et une autre respiration, celle d’une romance de tous les possibles, d’une fiction du quotidien pour échapper à ce réel toujours trop crasse (le terrain vague réinvestit, la forêt, le lac, l’amour) Avec, en son cœur, cette lancinante question de l’espace : comment être, comment parler, comment bouger dans un espace triplement circonscrit (barres HLM qui barrent l’horizon, mythe du retour des parents figés malgré eux dans une vision traditionnelle, faciès systématiquement barrés par la police) ? Wesh Wesh, plus qu’un énième film de banlieue (il s’agira un jour de tracer l’histoire du passage du cinéma dit beur du courant des années 70/80, au cinéma de banlieue à la fin des années 80 jusqu’à nos jours) met en scène toutes les scénographies possibles (limitées nous le verrons) du mouvement de la vie à l’intérieur même de ce cadre. Le film, qui joue sur les deux grandes tendances du cinéma (effet documentaire et en contre point le romanesque qui affleure) est aussi partagé entre deux formes, deux encadrements : le gros plan qui cerne au plus près les visages de tout un chacun et le plan large comme bouffé de respiration, souvent accompagné d’un rythme musical jazzy, le long des immeubles, en contre plongées, qui sont les gratteurs/grapheurs du ciel du peuple.