Et si au fond, sous son vernis furieusement
cinéphilique et brutal, Kill Bill n’était qu’un prétexte,
le biais par lequel un réalisateur déclare son dépit à son
actrice fétiche. Pour mémoire, on rappellera que celle-ci,
après avoir convolé avec Ethan Hawk, a donné naissance à un
marmot tandis que son mentor rongeait son frein dans sa salle
de projo privée sur les hauteurs de Hollywood, Mecque du cinéma
mais plus encore Vatican de la solitude et Jérusalem des gloires
tristes.
Mais le dépit tarantinesque ne va pas sans amour. « Rien
de sadique dans mes actes » annonce Bill en ouverture
de chaque opus. Précision fort éclairante. Bien sûr Uma-The
Bride va subir les derniers outrages, mais tout ça c’est de
l’amour, encore, toujours. Tarantino-maso se fustige lui-même,
souffre par elle, se contrit par le biais de son égérie. Il
aime, il a mal, il lui fait mal, il ne blesse que lui. Elle
finira par le remercier, riant et pleurant, parce que quoi
qu’il en soit, il reste de cette aventure un bien bel enfant,
le leur, un objet curieux, un blockbuster de série B, un mioche
rebelle et métissé, un enfant à la tête tranchée.
Le film s’achève avec une allusion
à Heckel et Jeckel, les deux corbeaux inséparables, farfelus
et plaisantins. En pendant à ce signe, on peut noter le générique
du premier volume : Bang Bang par Nancy Sinatra,
l’histoire de deux enfants du sexe opposé qui s’aiment et
s’amusent à se flinguer en duel. « Pour de faux »
bien sûr. Voici sans doute les pôles à l’aune desquels
il faut analyser la relation Q&U (voir le générique :
« a character created by Q&U ») : fraternité
délirante et amours enfantines (donc platoniques). Quant aux
films, il n’était qu’un jeu, jeu de massacre entre mômes,
taloches qu’on se refile à la récré pour éviter de dire l’amour
qu’on a l’un pour l’autre.
Mais on a beau être réconcilié avec le cinéma de Tarantino,
on n’en déplore pas moins le sort que des producteurs indélicats
ont fait subir au film (avec l’aval de son auteur certes,
et des justifications dégotées après coup, du genre :
en Asie, c’est une habitude de planifier les films en séries).
Et on regrettera qu’il n’y ait pas eu un maître Badinter pour
dissuader ces docteurs Guillotin de la pellicule.
Le cinéma est un art du temps, et les bourreaux sont ici coupables
pour des raisons commerciales entre autres, de n’avoir pas
laissé à cette œuvre le temps qui lui revenait. Mais qui sait
si le roublard Quentin ne finira pas par sortir un DVD collector
permettant de voir le film monté d’une pièce.
Titre
: Kill Bill : volume 1 Réalisateur
: Quentin Tarantino Réalisateur de 2nd équipe
: Yuen Woo Ping Acteurs :
Uma Thurman, Lucy Liu, David Carradine , Michael
Madsen, Daryl Hannah , Vivica A. Fox , Julie Dreyfus
, Chiaki Kuriyama , Gordon Liu, Michael Parks,
Sonny Chiba Producteurs exécutifs
: Bob Weinstein, Harvey Weinstein, Erica Steinberg Producteur
: Lawrence Bender Production
: Miramax Films, A Band Apart Éditeur
: TF1 Vidéo Présentation
: Snap Case Langues et formats sonores
: Français (DTS), Français (Dolby Digital 5.1),
Anglais (DTS), Anglais (Dolby Digital 5.1) Sous-titres
: Français Zone
: Zone 2 Durée
: 1h 52mn Pays
: USA Année
: 2002
Suppléments : KILL BILL VOLUME 1
- Making of (VOST, 21min 11s)
- Clip vidéo (5min 24s)
- Galerie de photos
- Bande-annonce Kill Bill : Vol 1
- Teaser Kill Bill : Vol 2
KILL BILL VOLUME 2
- Le groupe Chingon en concert (11min 04s)
- Making of (25min)
- Bandes-annonces et teasers
- Une scène inédite (3min 28s)
CD des bandes originales de Kill Bill : Volume 1 et 2