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Tout ce qui manquait au premier volume
afflue dans sa suite : du sens, de l’humanité, un hommage
au cinéma populaire qui s’éloigne du second degré et constitue
un éloge sincère, une empathie affectueuse, un regard personnel,
des intentions autres que purement formelles. A cet égard,
la scène d’ensevelissement est un chef d’œuvre de proximité
attentive. Et si durant les quelque 135 minutes du films,
la belle est mise à toutes les sauces, assaisonnée à toutes
les violences, c’est que Quentin aime Uma, l’aime dans tous
ses états, couverte de sang et de poussière, solaire ou sépulcrale,
il l’aime et ça se voit !
D’ailleurs, le regard porté sur son personnage change à tel
point qu’il la fait littéralement accédée à une identité.
Alors que son nom avait jusque-là été ironiquement bipé, la
réduisant à l’état de stéréotype guerrier, son patronyme nous
est enfin révélé. Baptême discret mais lourd de sens. L’allusion
à son enfance qui suit cette micro élucidation, évoquant la
petite fille, suggérant donc la part d’humanité tapie au sein
de la tueuse, la part d’émouvante vulnérabilité lovée au sein
de la star, renforce cette impression.
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Autre qualité qui rachète le film,
c’est cet épatant plaidoyer féministe. Pour être tout à
fait honnête, ce caractère était plus qu’esquissé dans K.B.1.
Groupe de rock exclusivement féminin, violeurs châtiés,
dragueurs éventrés par une écolière nippone qui lui précisait
même : « c’est moi qui te pénètre »,
adolescent qui voyait son sabre dressé réduit en miettes
avant de prendre une fessée, impossible de passer à côté
de cet aspect. Et le féminisme de Tarantino est d’autant
plus sincère qu’il ne s’exhibe pas, d’autant plus convaincant
qu’il n’a pas l’irénisme de faire des femmes des saintes
aux mains blanches. Au lieu de ça, on a droit à une belle
palette d’action girls, héroïnes palpitantes et crédibles,
qui fournissent au sexe féminin des modèles d’identification
déviants autrement plus intéressants que les Charlie’s
Angels. Et devant ces dames, on a envie de crier :
Faster, Pussycat ! Kill ! Kill !
Mais ce qui surtout affleure et ravit dans ce second
film, c’est l’apparition de son auteur qui, pudiquement,
derrière le fracas des sabres et la profusion des clins
d’œil, se dévoile.
Dès ses premières interventions, on pouvait se douter que
Bill et Quentin ne faisait qu’un. A Elle (Daryl Hannah)
qui hurlait à son oreille par portable interposé, Bill ordonnait :
« Moins fort. » Et la blonde monoculaire
de répéter avec obéissance la même phrase, un ton en dessous.
Belle démonstration de mise en scène Mister Bill, merci
pour l’indication docteur Quentin. Cette intuition devient
ici une évidence. Et de quoi au juste est-il question pour
Bill Tarantino ? D’une histoire, somme toute banale,
d’amour déçu. Bill comptait sur sa blondinette tueuse, la
savait toujours partante, quelle que soit la mission. Il
l’aimait, connaissait sa nature, lui contait des histoires
au coin du feu. Seulement voilà, sa précieuse protégée décide
de se retirer pour cause de grossesse imprévue et épouse
le premier « petit con venu» (dixit Bill ;
on s’amuse d’ailleurs de voir l’acteur falot choisi pour
interpréter ce rôle).