Annuaire boutique
Librairie Lis-Voir
PriceMinister
Amazon
Fnac

     

 

 

 

 

 
The End of violence (c) D.R. THE END OF VIOLENCE
de Wim Wenders
Par Andrea GRUNERT
Universitaire allemande
et journaliste critique de cinéma


SYNOPSIS : Deux homes sont engagés pour éliminer un producteur de cinéma qui a fait fortune grâce a l'exploitation de la violence. Mais le lendemain, ce sont leurs corps qu'on retrouve décapités. L'inspecteur Doc Block est chargé de l'enquête. Il reconstitue le puzzle d'un scénario plausible. Ray Bering, ex-scientifique de la NASA travaillant à un projet top secret, est par hasard témoin d'une partie des meurtres sur l'écran de contrôle de son laboratoire. Les images qu'il réussit à obtenir sont bizarrement floues. Il prend alors conscience qu'il est lui-même observé.

....................................................................

PERE AU FILS, UNE AFFAIRE DEMODEE ?

  Wim Wenders (c) D.R.

Une chambre plongée dans l’obscurité : un vieil homme, à peine rasé, les cheveux blancs raides, est assis dans la pénombre. Autour de lui, l’espace est encombré de papiers et d’objets divers : des livres, des feuilles de papier, une vieille machine à écrire, des emballages de pizza à moitié vides s’entassent sur les meubles, traînent par terre. Ce sont les amas d’une vie entière, les résidus d’une vie qui touche à sa fin. L’homme c’est Samuel Fuller dans La Fin de la violence de Wim Wenders. Il joue Louis Bering, le père d’un des protagonistes, à savoir l’informaticien Ray Bering, interprété par Gabriel Byrne.

Dans ces images qui ne dissimulent pas les traces et les ravages de la vieillesse, la caméra, cherchant à être discrète, garde une distance presque pudique. La faiblesse se transforme en fragilité et en transparence qui interdit ce sentiment embarrassant qu’est la pitié.

The End of violence (c) D.R.

Sam Fuller n’apparaît que dans quatre séquences du film qui dure presque deux heures. Trois fois, on le voit avec Gabriel Byrne, l’acteur irlandais ; une fois il est montré seul. Dans mon imagination, La Fin de la violence se réduit à ces quelques séquences avec Fuller. Sans être dissociables de l’action, elles se distinguent des autres séquences parce qu’elles expriment une vérité émotive et intellectuelle toute autonome et avec une telle force dramatique qu’elles m’envoûtent. Ainsi s’est engendrée ma vérité à moi. Ainsi s’est créé mon propre film, celui qui renaît dans l’œil du spectateur, celui qui n’existe que dans mon regard.

Il s’agit d’un film tout personnel : ce film sur l’interaction entre deux hommes marquée par leur attention et leur patience. Parfois mélancolique, parfois drôle, il parle de l’amour et de la perte, des conflits à peine résolus et de la compréhension réciproque. La caméra maintient une distance respectueuse tout en invitant les spectateurs à partager la grande intimité des personnages.