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Dans une ambiance de silence et de
familiarité qui n’est pas dépourvue de tensions, qui n’épargne
pas le conflit des générations et qui fait entrevoir en sourdine
une anxiété, le père et le fils forment une communauté conspiratrice.
Ils n’ont pas besoin de la parole pour se comprendre. Ils
discutent et se taisent ; ils se comportent d’une manière
désinvolte comme deux très vieux amis. Les quelques mots qui
sont prononcés et les gestes pudiques qu’ils échangent témoignent
d’une profonde humanité et d’une relation faite de compassion,
de compréhension et de confiance. L’affection qu’ils éprouvent
l’un pour l’autre est palpable à chaque moment.
Les gestes du fils sont des gestes de tendresse, par exemple
quand il dépose un baiser sur le front du père ou quand il
couvre le vieil homme endormi d’une couverture. C’est avec
un clin d’œil et un sourire malicieux qu’il lui dit lui avoir
apporté sa pizza préférée. Il le taquine quand il l’observe
écrivant sur sa vieille machine à écrire. Car Louis Bering
refuse de remplacer « l’objet démodé » par un ordinateur.
Le père se fait de soucis quand Ray lui parle de ses doutes,
de ses angoisses et du danger auquel il est exposé.
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On se demande à quel point Fuller
joue son rôle ou s’il est tout simplement Sam Fuller,
un metteur en scène qui se trouve, en tant qu’acteur cette
fois-ci, de l’autre côté de la caméra : un vieil homme qui
cherche parfois ses mots et qui dit son texte parfois d’une
manière hésitante. Le jeu du vieil homme et du plus jeune
est d’une précision inouïe et marqué d’un naturel qui convient
à merveille au cinéma permettant à l’illusion de fonctionner.
C’est cette potentialité de sentiments à laquelle le spectateur
peut s’abandonner sans réserve. Le père et le fils, Fuller
et Byrne communiquent par les gestes, par la parole et ce
jeu touche le spectateur. Ce jeu qui est sans fausse note
et sans fausse sentimentalité. Il accorde une grande place
à l’humour, par exemple quand le spectateur se pose la question
si les deux personnages ne se nourrissent que de pizza aux
poivrons. Leur chaleur humaine est contagieuse. Elle affecte
même la banalité qui, par là, est transgressée.
Les apparitions de Fuller dans La Fin de la violence
permettent une grande variété de lectures. La relation père-fils
est un élément important de la culture américaine qui est
également entrée dans la tradition cinématographique. L’individualiste
Fuller a fait des films de genre à Hollywood qui portent
son empreinte. De même La Fin de la violence se réfère
au modèles génériques. Wenders relie des thèmes tels la
violence, le pouvoir, le contrôle avec des réflexions sur
l’industrie du cinéma et le problème de la perception dans
le monde contemporain dominé d’une manière considérable
par les médias audiovisuels.