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  Wim Wenders (c) D.R.

Le cinéaste Samuel Fuller a trouvé sa place dans le film américain d’un metteur en scène allemand qui est plein d’allusions intertextuelles. Les références sont plus que directes. Il n’est pas surprenant que le fils du personnage joué par Fuller s’appelle Ray et ce n’est pas un hasard non plus qu’il travaille dans l’observatoire situé dans le Griffith Park.

Tout comme Nicholas Ray, Samuel Fuller est une des idoles de Wenders, un père spirituel venu de Hollywood, ce lieu qui représente à la fois le père et la mère du cinéma. Mais quand Ray Bering/Gabriel Byrne contemple Los Angeles de la hauteur des collines qui bordent la Cité des Anges, celle-ci, cachée sous la brume, se dérobe à son regard.

The End of violence (c) D.R.

On pourrait longuement spéculer sur les relations entre Wenders, Fuller et le cinéma américain. On pourrait se demander si Ray Bering est un substitut pour le metteur en scène allemand. Les séquences dans lesquelles apparaît Fuller sont des espaces-temps constituants des réflexions filmiques qu’ils engendrent en créant des relations intertextuelles. Une gamme très riche de réflexions est explorée à travers les relations entre les personnages et les portraits très fins et très nuancés des personnages. Présentés de façon économe mais extrêmement précise, les caractères humains font tout simplement entrevoir les possibilités des relations entre les hommes. Ils sont l’expression de l’existence et celle de la vie tout court.

Le père, un vieillard parfois têtu qui refuse de renoncer à sa machine à écrire qui lui est devenue familière et qui ignore le téléphone. Le fils, un informaticien très doué qui travaille avec une technologie des plus modernes mais qui ne possède pas de permis de conduire. Tous les deux se rencontrent dans leur tentative opiniâtre de vouloir conserver leur individualité. Et dans le désir douloureux, peut-être réprimé, pour l’amour et pour l’affection.

  Wim Wenders (c) D.R.

La violence est un sujet des films du metteur en scène Fuller et un élément-clef de maintes de ses oeuvres qui rendent la brutalité transparente. Pour Wenders, la violence en tant que motif narratif et esthétique devient un instrument de mise en question. Sous l’effet des balles, le corps de Ray Bering est carrément projeté dans l’espace. Sa mort violente crée un véritable choc. Dans les plans qui succèdent à son assassinat, on voit Louis Bering seul dans sa chambre à peine éclairée. Pressentant la perte (?), son corps est secoué de larmes. La douleur et le deuil marquent ce moment d’une tristesse infinie qui inonde les images, envahit l’espace et touche violemment le spectateur.