SYNOPSIS :
Le milliardaire Charles Foster Kanes (Orson Welles), magnat
de la presse, vient de mourir dans sa fabuleuse propriété en
prononçant un denier mot : " Rosebud "… A partir de
cet énigmatique indice, le reporter Thompson va tenter de reconstituer
la vie de ce personnage si étrange. Pour parvenir à ses fins,
il rencontre avec détermination toutes les personnes qui ont
pu approcher Kane de près ou de loin. Au fil de l’enquête, il
découvre la vraie personnalité de ce milliardaire hors du commun... |
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MAUX D’ENFANT
Citizen Kid
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Raconter un conte à son enfant,
au soir, auprès de lui, dans un mouvement secret où se joue,
entre vous, quelque chose qui se grave, une voix de gravats.
Presque noir et doux, terrifiant comme l’amour. Retrouver,
chaque soir, ce rendez-vous d’amour phatique semble hanter
le premier long-métrage d’Orson Welles. Citizen Kane
ne serait qu’une longue incantation de la mère perdue, trop
tôt arrachée. Le degré zéro du conte de fée est de raconter
le récit d’un trauma de l’enfance : perte du père pour
Blanche Neige, mort de la mère pour Cendrillon, abandon de
l’enfant avec le Petit Poucet et Hänsel et Gretel. Kane, comme
ces personnages de conte, déroule une vie marquée par les
épreuves, et celle, première de la rupture du lien familial.
Il est abandonné à une banque pour le bien de sa vie. Dans
un conte, le héros doit quitter ses proches, sa demeure, son
village, sa vie ancienne pour accéder à son identité, en vivant
une série d’épreuves initiatiques. Avec comme horizon d’attente
la récompense suprême : gloire, amour, richesse. Sauf
que la fin de l’histoire pour Kane n’est pas « ils
se marièrent et eurent beaucoup d’enfants » D’une
grande pauvreté matérielle (la propriété est au nom de la
mère, le père ne possède rien, si ce n’est sa main qui s’abat
souvent sur le fils) il passera à une extrême richesse quasi
obscène, la 3ème au monde. Ce basculement du destin,
d’une banalité (celle des pionniers de la terre) à l’exception
(celle des puissants de la modernité industrieuse) inscrit
le film dans une logique d’excès, du trop, du débordement.
De l’ordre de la maladie, d’une peste au cœur de la transmission
qui s’est rompue sans raison. Aucune raison au monde (comment
expliquer que sa mère l’a abandonné pour son bien ?)
ne comblera Kane qui ne cessera d’accumuler des trésors du
monde entier, sans satiété, sans jouissance de l’acquis. Le
lien phatique fut trop rompu. Il ne peut être qu’une bouche
énorme que rien ne pourra combler. Alors l’ogre Kane voudra
tout et ne jouira de rien...
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