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Citiezn Kane (c) D.R. CITIZEN KANE
d’Orson Welles
Par Nadia MEFLAH


SYNOPSIS : Le milliardaire Charles Foster Kanes (Orson Welles), magnat de la presse, vient de mourir dans sa fabuleuse propriété en prononçant un denier mot : " Rosebud "… A partir de cet énigmatique indice, le reporter Thompson va tenter de reconstituer la vie de ce personnage si étrange. Pour parvenir à ses fins, il rencontre avec détermination toutes les personnes qui ont pu approcher Kane de près ou de loin. Au fil de l’enquête, il découvre la vraie personnalité de ce milliardaire hors du commun...

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MAUX D’ENFANT

Citizen Kid

  Citiezn Kane (c) D.R.

Raconter un conte à son enfant, au soir, auprès de lui, dans un mouvement secret où se joue, entre vous, quelque chose qui se grave, une voix de gravats. Presque noir et doux, terrifiant comme l’amour. Retrouver, chaque soir, ce rendez-vous d’amour phatique semble hanter le premier long-métrage d’Orson Welles. Citizen Kane ne serait qu’une longue incantation de la mère perdue, trop tôt arrachée. Le degré zéro du conte de fée est de raconter le récit d’un trauma de l’enfance : perte du père pour Blanche Neige, mort de la mère pour Cendrillon, abandon de l’enfant avec le Petit Poucet et Hänsel et Gretel. Kane, comme ces personnages de conte, déroule une vie marquée par les épreuves, et celle, première de la rupture du lien familial. Il est abandonné à une banque pour le bien de sa vie. Dans un conte, le héros doit quitter ses proches, sa demeure, son village, sa vie ancienne pour accéder à son identité, en vivant une série d’épreuves initiatiques. Avec comme horizon d’attente la récompense suprême : gloire, amour, richesse. Sauf que la fin de l’histoire pour Kane n’est pas « ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants » D’une grande pauvreté matérielle (la propriété est au nom de la mère, le père ne possède rien, si ce n’est sa main qui s’abat souvent sur le fils) il passera à une extrême richesse quasi obscène, la 3ème au monde. Ce basculement du destin, d’une banalité (celle des pionniers de la terre) à l’exception (celle des puissants de la modernité industrieuse) inscrit le film dans une logique d’excès, du trop, du débordement. De l’ordre de la maladie, d’une peste au cœur de la transmission qui s’est rompue sans raison. Aucune raison au monde (comment expliquer que sa mère l’a abandonné pour son bien ?) ne comblera Kane qui ne cessera d’accumuler des trésors du monde entier, sans satiété, sans jouissance de l’acquis. Le lien phatique fut trop rompu. Il ne peut être qu’une bouche énorme que rien ne pourra combler. Alors l’ogre Kane voudra tout et ne jouira de rien...