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Jim Jarmush (c) D.R. JIM JARMUSCH
Par Emmanuel PLASSERAUD


LE TEMPS D’UNE CIGARETTE

Fumer une cigarette n’est pas un acte anodin pour tout le monde. Bien sûr, dans le court-métrage Coffee and cigarettes, Tom Waits et Iggy Pop conviennent que les gens qui fument sont ridicules. Ils peuvent le dire, car eux-mêmes étaient de grands fumeurs, et qu’ils ont arrêté. Et si un paquet traîne sur la table où ils se sont retrouvés pour boire un café, c’est pur hasard...

  Coffee and cigarettes (c) D.R.

Tom sort une cigarette du paquet, l’allume, et tire dessus, sous les yeux médusés d’Iggy. Puis, avec un air satisfait, il s’explique, avec une mauvaise foi désarmante : il a arrêté de fumer, donc il fume une cigarette, ce qui n’est pas la même chose que de simplement fumer des cigarettes. Iggy saisit la nuance, et « grille une tige » à son tour.

Le problème de la dernière cigarette, pour le fumeur, peut s’apparenter à celui du dernier verre, pour l’alcoolique, dont Deleuze disait qu’il ne peut jamais être que l’avant-dernier, parce que le dernier verre est synonyme de mort. On peut en dire autant de la dernière cigarette dans les films de Jarmusch, qui est, comme dans les films de guerre, celle du condamné.  



LA CIGARETTE

Il n’y a pas un film de Jarmusch où la cigarette n’occupe une place privilégiée, méritant qu’on s’y attarde. Le problème ne date pas de l’apparition auto-parodique du cinéaste dans l’inutile Brooklyn Boogie où il dit fumer sa dernière « clope », sans qu’on y croie vraiment (et sans doute lui non plus). On fume beaucoup dans tous ses films, de Stranger than Paradise où Eva, pour faire plaisir à Willie, achète une cartouche de « Chesterfield », à Night on earth où Corky, la jeune conductrice de taxi, enchaîne cigarette sur cigarette, se le faisant même reprocher par sa cliente, en passant par Mystery Train où Jun, le touriste japonais, a toujours une « blonde » prête derrière l’oreille au cas où...