SYNOPSIS
: La lutte pour l'existence, lutte pour la subsistance, lutte
pour la survie. Lutte dans le monde du travail : dans des champs
de fraises, dans des usines, dans des bureaux, dans des voitures,
dans les rues. Une cueilleuse de fraises d'Europe de l'est qui
se bat pour une vie meilleure pour elle et sa fille et un agent
immobilier viennois. |
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EN SOUFFRANCE
Projet
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Si l’on excepte le prologue montrant la
révolte d’une vieille femme alitée qui refuse le regard faussement
compatissant des médecins, Struggle procède de deux
mouvements successifs et finalement conjoints : le premier
s’attache à montrer le parcours ou plutôt la trajectoire d’Ewa,
jeune travailleuse polonaise précarisée qui enchaîne les tâches
pénibles et temporaires en Autriche : cueillette des
fraises, abattage de poulets à la chaîne, astiquage de divers
bibelots, ménage à domicile jusqu’à ce qu’elle échappe (de
peu) à une rafle policière de travailleurs clandestins. On
abandonne alors Eva, en pleurs, au milieu d’un champs. Un
homme seul (Marold) au volant de sa grosse voiture lancée
sur l’autoroute chantonne en écoutant la radio. Il visite
des immeubles déserts et lugubres, immenses et vides. Il est
l’agent immobilier de ce vide envahissant. Le soir, il rentre
chez lui, dans le couloir qui mène à sa porte, des dizaines
de portes identiques conduisant à des appartements tous semblables.
Comme Ewa, il a une petite fille, mais elle ne vit pas avec
lui - La loi l’oblige cependant à voir régulièrement son
père. Pour conjurer la triste absurdité de son existence,
Marold se réfugie dans des fantasmes que l’on met à sa disposition
et dont il veut repousser les limites - comme pour tenter,
envers et contre tout, de se singulariser et même s’il doit,
pour connaître le fugitif sentiment d’exister, regarder en
face sa propre fin…
Dans le devenir de ses deux êtres et de leurs proches transparaît
l’évocation d’une civilisation entière dont le naufrage imminent
nous est annoncé par une improbable Cassandre. C’est là sans
doute le cœur du projet de la jeune cinéaste autrichienne :
nous mettre en face de la ruine d’un monde factice, notre
monde, tombant sous les coups de pulsions mortifères qu’il
génère sans jamais parvenir à les contrôler. C’est de cette
détermination tranquille mais implacable de Ruth Mader que
naît la grande force du film.
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