SYNOPSIS : Grâce
à une substitution de cadavre, le docteur Genessier, laisse
croire à la mort de sa fille Christiane, défigurée à la suite
d’un accident de voiture dont il fut involontairement responsable.
Fou d’amour pour elle, il est prêt à tout entreprendre pour
lui redonner un visage et la débarrasser du masque qui ne la
quitte plus ... |
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« Ma tête me fait peur, mon masque me
fait plus peur encore. [1] »
L’analyse d’extraits des Yeux sans visages
a été l’occasion d’aborder des notions cinématographiques essentielles
comme le point de vue, le cadrage, etc., et de montrer comment
les émotions chez Franju et au cinéma en général reposent sur
des questions de mise en scène.
Nous nous sommes particulièrement attachés au sentiment de peur
et ses corollaires que sont la forte inquiétude, l’angoisse,
la terreur ou l’horreur : comment la peur du personnage
est-elle filmée, comment est-elle suscitée chez le spectateur,
quels choix de mise en scène le réalisateur a-t-il opéré pour
en rendre compte, quels moyens pour quels effets ?
La question de la peur et de sa représentation irrigue l’histoire
du cinéma, tisse des liens dans le temps et donne lieu à une
circulation des images [2]. Elle hante les cinéastes les plus
divers qui, chacun, ont tenté d’interroger tant sa nature ontologique
que cinématographique.
Fausses pistes
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Dès le générique des Yeux sans visage,
l’atmosphère est posée, réellement étrange : des arbres
morts, ou du moins sans feuilles, défilent en bord de route,
la nuit… S’emboîte alors la première scène du film. Hors de
son contexte, difficile d’imaginer qu’elle ouvre le film :
l’histoire a commencé bien avant l’arrivée des images sur l’écran,
le spectateur doit prendre le train en marche.
C’est par le découpage que l’information sera peu à peu distillée.
Mais les éléments apportés rajoutent à l’interrogation. Le cadre,
d’abord serré sur le visage de Louise au volant – inaugurant
ainsi le lieu d’inscription des émotions –, nous met en présence
d’une femme seule, visiblement aux abois et nous nous interrogeons
sur la raison de cette expression d’inquiétude : pourquoi,
de quoi a-t-elle peur ? Car Franju utilise les ressorts
classiques de la peur. Outre l’environnement de la scène, il
sait que bon ou méchant, si un personnage est en danger, le
spectateur a peur pour et avec lui. Des choix de mise en scène
découlent alors de ce rapport entre spectateur et personnage :
que doivent-ils respectivement voir ou savoir ? Ce qui
ici met notamment en question le cadre et le point de vue. Par
exemple, un bref changement de point de vue nous montre Louise
filmée depuis le siège arrière de l’auto, plan qui semble en
annoncer un autre où le cadre se ressert encore pour révéler
dans le rétroviseur la présence d’un personnage – un homme ?
– assis derrière la conductrice.
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