CANNES, TA
BRAGUETTE !
Voici le 52ème Festival de Cannes ! Ce fut, je ne vous le
cache pas, laborieux d’arriver au but. Tout d’abord, il y
a quelques mois, le service presse m’a refusé une accréditation,
la revue "Travelling Avant" étant trop francophile
devant les journalistes du monde entier. Bravo pour l’originalité.
L’université, pas mieux ! Trop tard ! Impair et manque. Je
ne manquerais pas l’occasion de descendre sur la côte d’azur
renifler l’odeur des nantis et des microstars qui n’ont généralement
rien d’autre à montrer que le fond de leur culotte. Et c’est
ainsi que sur place, on réussit à me dégotter des places pour
la sélection officielle. Alors, histoire de donner tort aux
organisateurs de la grande braderie que représentent Cannes,
et de lier l’utile à l’agréable, en route pour l’aventure
superficielle : avec ou sans smoking, telle est ma question
! Ah la la, la vie : quel pauvre fantôme errant, William...
Mardi 11 mai
Aéroport d’Orly Ouest. Ca s’agite, ça se remue. Un monde affolant
à l’embarquement. Quelques journalistes puérils flirtent avec
quelques passagers modèles. C’est parti. Une heure vingt plus
tard, je découvre Nice, puis enfin, par voie rapide, Cannes.
J’arrive. Cannes est bien calme. Demain, jailliront d’un peu
partout plus de 6000 journalistes dont les trois tiers ne
servent à rien, des producteurs, des nymphettes, des nymphos,
des modèles, des apprentis-scénaristes naïfs, et peut-être
quelques films. Des films ? Vous dites du Cinéma ? Ca existe
ça à Cannes ? Oui, oui... même que c’est pour ça qu’on sera
venu. Menteur !
Mercredi 12 mai
Cannes. A quoi ça sert ? Qu’est-ce que ça fait ? Est-ce un
véritable (terrible) affront donné au cinéma : un cancer incurable
? Pourrons-nous voir encore cette année de vrais cinéphiles
? Avant que le dispositif scénique se mette en marche, et
qu’une armée sans nom grimpent les marches (d’une MJC), je
me recueille dans le silence et je pense au cinématographe
: quelle machine ! A 17h30 : une manifestation a lieu dans
les rues de Cannes. On demande un hôpital digne de Cannes
et de son festival. J’habite en face de l’Hôtel de Ville.
Mieux placé je ne peux pas. Voici l’envers du décor. La mairie
donne une vingtaine de millions de francs au festival. Le
fric, le pouvoir, tout le temps présent. Ca commence bien
!
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