ZOOM
SUR LE TURKMÉNISTAN
Cinéma du réel nous présente cette année un panorama
vraiment représentatif de la production d'Asie centrale soviétique.
Documentaires, fictions, longs, courts, didactiques, créatifs,
et les inénarrables O.C.N.I (Objets Cinématographiques Non
Identifiables) à l'image des très beaux courts métrages La
soif de Tahir Iounous (Ouzbékistan) et Le pont du diable
de Temirbek Birnazarov (Kirghizistan). On découvre là peut-être
de futurs grands réalisateurs. Une rétrospective à ne rater
sous aucun prétexte, pour les curieux et cinéphiles de tous
azimuts ! Bien sûr, la programmation est loin d'être exhaustive
mais c'est très excitant d'avoir des occasions uniques de
voir certains O.C.N.I., essais cinématographiques en tous
genres ! |
L'aventure du cinéma
turkmène commence en 1926. C'est un territoire grand comme
la France qui comprend environ 3 millions d'habitants et couvert
dans sa quasi totalité par le désert du Karakoum où l'une
des rares activités est l'élevage des agneaux dont la précieuse
laine donne l'astrakan, élevage traditionnellement tenu par
des peuples nomades. Attention, il n'y a que trois films proposés
dans le cadre de la rétrospective ! En voici une lecture.
LA CORNALINE / Serdolik
De Saparov Mollanazarov
Film ethnographique didactique russe. Un
sujet en or : la cornaline est un jeu traditionnel turkmène
pour le moins insolite, un anneau porte-bonheur est caché
par un groupe de personnes sur l'une d’elles ; un autre groupe
doit la retrouver par la seule observation psychologique des
réactions. (On en voit une déclinaison dans le très beau film
d'Aktan Abdykalykov : Le fils adoptif, également projeté
dans le cadre de cette rétrospective.) Jeux de regards donc
: ceux qui fixent et ceux qui sont fixés, esquives, affrontements.
De longs moments d'observation dont le court métrage, limité
par la durée ne rend pas compte, ce jeu est vraisemblablement
pratiqué aujourd’hui par les vieilles générations. Double
regard des jeunes, cadrages serrés sur des parties du visages,
regards des femmes qui ne participent pas au jeu, regards
des jeunes qui observent des traditions qu'ils ne pratiquent
plus. Le film n'échappe malheureusement pas à quelques clichés,
on se serait abstenu des commentaires didactiques en voix
off car l'image, les sons ambiants, parlent d'eux-mêmes.
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