D’abord un avertissement
: rendez-vous incontournable pour tous les amateurs et les
professionnels du court-métrage, le Festival de Clermont-Ferrand
propose un tour d’horizon, chaque année plus fourni, de la
production française et internationale. En plus des films
présentés en compétition officielle (douze programmes pour
la seule sélection française), un nombre ahurissant de programmations
tente parallèlement, de panoramas en rétrospectives, de dresser
quelques lignes de force propres au court-métrage. C’est pourquoi,
étant l’unique envoyé spécial dépêché par la rédaction, ce
compte-rendu ne prétend en aucun cas rendre compte de l’ensemble
des films présentés, plutôt de prendre le pouls de l'un des
plus importants festivals du court métrage.
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Depuis longtemps déjà le milieu du court-métrage
(c’est à dire ceux qui le fabriquent et ceux qui le défendent)
a le désir d’exister par lui-même, d’accéder à plus de respectabilité
et de légitimité économique. Le récent intérêt, encore peu
développé mais réel, de la télévision, qui non seulement diffuse
mais pré-achète et achète des films, lui offre justement un
nouvel horizon économique. Seulement, ce qu’il gagne en visibilité
et en poids financier, le court-métrage risque de le perdre
en indépendance et en intérêt artistique.
De la compétition française émerge en effet un constat : le
court-métrage type, en France, est un produit hyper-calibré,
moins un film en format court qu’un mini téléfilm de service
public ou une pochade Canal Plus. Pour la plupart, on a le
sentiment qu’il s’agit moins de faire oeuvre personnelle que
de s’aligner sur une grille de programmes préétablie. Le succès
retentissant il y a quelques années d’un film comme Vibroboy
de Jan Kounen y est certainement pour quelque chose, l’idéologie
qu’il recouvre se retrouvant dans la plupart des films qui,
à quelques (rares) exceptions près, se ressemblent beaucoup
: anti-intellectuel (Le chien, le chat et le cibachrome
de Didier Blasco), rance (Une vie d’ici de Lionel Mougin)
ou démagogique (Échos d’Algérie de Khaled Ammari),
sentant souvent la haine de soi (toutes choses déjà présentes
dans le film de Jan Kounen), ils ont, sans être forcément
cynique, l’unique ambition du travail bien fait, d’être efficace
et dans l’air du temps. On chercherait ainsi en vain la moindre
dimension esthétique ou poétique dans ces films qui se contentent
avant tout de raconter une anecdote, la plupart du temps une
blague ou un fait social. Et quand bien même ils affichent
des prétentions artistiques, alors sont-ils particulièrement
convenus (le consternant Parties d’Antoine Le Bos,
Une vie d’ici de Lionel Mougin).
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