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FESTIVAL INTERNATIONAL DES ECOLES DE CINEMA 2001
Compte-rendu des Rencontres internationales Henri Langlois
Poitiers
Par Marc LEPOIVRE


Les rencontres internationales Henri Langlois, fondées en 1977 à Tours et qui ont déménagé en 1990 à Poitiers, occupent le créneau particulier du film d'études réalisé dans le cadre d'écoles. C'est là l'occasion pendant une semaine d'avoir un aperçu de l'état de la jeunesse mondiale ; de repérer les tendances, idées, thèmes qui, selon les écoles et les pays, préparent le cinéma de demain, d'identifier des styles, en sachant ce qui appartient à l'école ou à l'auteur. Et puis on peut bien sur s'amuser à pronostiquer les futurs grands, à déceler les traits, les caractéristiques d'oeuvre en gestation. Signalons d'emblée que ces rencontres ont été marquées cette année par la représentation importante de pays anglo-saxons et nordiques : l'Australie, l'Allemagne, le Danemark, la Finlande. On notera la présence plus faible, voire inexistante, des pays méditerranéens ou du Sud. Est-ce la raison pour laquelle la programmation avait dans son ensemble une tonalité sombre et froide, manifestant un goût prononcé pour les ambiances fantastiques et oniriques, la présence insistante de thèmes morbides et métaphysiques : le sens de la vie, la hantise de la mort, de la maladie, du suicide etc. ? En effet, dans un cadre des plus charmants et agréables, sous l'autorité efficace et bienveillante du délégué général François Defaye, force est de reconnaître que l'on ne rigolait pas beaucoup durant les projections. A ce titre, ce qui frappait dans la programmation cinéma proposant 43 films de 20 pays différents, c'est la forte homogénéité thématique de l'ensemble, la correspondance des sujets et des histoires, mais cela témoignait aussi du travail des sélectionneurs. Par ailleurs, on peut faire remarquer que les films proposés, dans leur ensemble, manifestaient une bonne tenue technique et formelle, mais rien non plus de follement éblouissant ou bouleversant. On n'a pas vu une forte personnalité se dégager de l'ensemble (mis à part peut-être le primé Kenneth Kainz même si on est libre de ne pas adhérer du tout à son univers). Les apprentis cinéastes s'appliquent, font de la belle ouvrage et semblent respecter les formats exigés par certains marchés comme la télévision. Bref, on peut leur reprocher d'être trop bons élèves et de manquer d'un brin de folie ou de personnalité.

  Objectif Cinéma (c) D.R.

Cette année, le palmarès a une nouvelle fois distingué le Danemark, et la Danske Filmskole, en attribuant trois prix à un même réalisateur, Kenneth Kainz, mais pour deux films différents. Pays décidément en grande forme cinématographique après la consécration de Lars Von Trier au dernier festival de Cannes. Ainsi En Sjaelden Fugl (A rare bird) a reçu le grand prix du jury et le prix des réalisateurs tandis que Genfaerd (Apparition) se voyait attribuer le prix de la mise en scène. Belle performance donc pour un cinéaste qui n'a su que trois heures avant la remise des prix la présence de ses films à Poitiers ! Il est vrai que ses courts métrages se distinguent par leur maîtrise formelle et technique, leur originalité, leur inventivité, le sens et l'efficacité du récit. C'est à se demander si Kainz a encore quelque chose à apprendre. La touche danoise était ici reconnaissable dans la composition et le grain même de l'image : très saturée, aux tons sépias. Kainz imagine des histoires fantastiques, lorgnant vers le bizarre, reposant sur un fond métaphysique, à savoir le sens de la vie, selon un imaginaire assez adolescent et romantique.