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FESTIVAL INTERNATIONAL
DE CANNES 2001

Compte-rendu
Par Nicolas CHEMIN


LE CINEMA EST EN DEUIL, ON ENTERRE LES MEDIAS...

Le festival de Cannes 2001 doit sa réputation d'austérité bien plus aux thématiques sordides qui l'ont peuplé qu'à l'absence de stars qui en est sa marque de fabrique. Dominé par la mort et le deuil, il n'en fallait pas plus aux festivaliers pour coller leur malaise aux films qui l'engendraient et croire à la médiocrité d'une sélection qui ne l'était pas, loin s'en faut. Qu'il s'agisse des sélections officielles ou d'Un Certain regard, l'envoûtant a enseveli aisément l'insignifiant.



SELECTION OFFICIELLE

  Objectif Cinéma (c) D.R.

Pau et son frère (Marc Recha), mal accueilli par la plupart des festivaliers, en raison de sa langueur monotone est pourtant un beau film douloureux où le travail de deuil épouse une structure métaphorique opaque. Pau et sa mère entreprennent un voyage aux sources du frère-fils qui vient de mourir, et y trouvent une richesse introspective. La présence fantomatique du défunt dans la minéralité de la nature donne lieu à un genre fantastico-naturaliste servi par un habile travail de cinéaste. La caméra est personnifiée, regard subjectif d'un absent sur les survivants. Le récit, judicieusement organisé selon une gémellité géographique de part et d'autre des Pyrénées, progresse par réseaux lexicaux (racines, bois, roches, cendres...) jusqu'à un dénouement qui souffre un peu de bavardages auteuristes lorsque la majeure partie de l’œuvre demeure une enthousiasmante épure imagée.

Ces bavardages auteuristes, trop écrits pour donner un cinéma délié, sont au centre de l'échec de Distance (Hirokazu Kore-Heda). Variation sur le deuil, le film présente un groupe de gens hétérogène qui se retrouve autour d'un drame commun : un an plus tôt, une secte a empoisonné des parents proches. Filmé caméra à l'épaule, cet objet psychologisant enchâsse des trajectoires personnelles pour en scruter les spécifiés. Héritier d'une littérature analytique comportementale, Distance peine à s'extirper d'une plate mise en scène pour s'envoler vers un formalisme salvateur. Il y parvient par intermittences et réserve de beaux plans autour du motif du feu, brasier des âmes.