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CINEMA DU REEL 2001
Compte-rendu de la rétrospective
Cinémas d’Asie centrale
Par Benjamin BIBAS


SORTIR DE L’ISOLEMENT

On retiendra notamment trois images de la rétrospective sur les cinémas d'Asie centrale qui s'est tenue en mars dernier à Beaubourg. La première est issue du Ciel de notre enfance (1965) de Tolomouch Okeev, jeune réalisateur-prodige alors âgé de 25 ans. C'est une poursuite un peu folle, une course dans la nuit des steppes kirghizes entre un vieux père essoufflé et son fils effrayé, rythmée par les pleurs de la mère, battue par le vieux et soutenue par l'enfant.



La deuxième est un petit bijou qui vient conclure Moï Dom (1971), court-métrage en noir et blanc du Tadjik L. Saladze. Quelques bergers essaient de faire passer leurs chevaux sur un pont en rondins suspendu au-dessus d'un ravin. Gros plans sur les tumultes de la rivière au soleil, sur les visages creusés des bergers qui s’inquiètent, sur les yeux des chevaux qui se vident, sur leurs membres postérieurs qui se raidissent. Scène de la vie commune découpée en fragments, qui suggèrent la fatigue des uns, la panique des autres, la pénibilité de l’action.

Objectif Cinéma (c) D.R.

La troisième image est celle d’un train au départ, poursuivi sur le quai par une paysanne de la région désertique du Djekazgan (Jana Arka, 1991) Dans l'Union soviétique des années 30, les trains de Medvedkine et Vertov sillonnaient les campagnes pour apporter aux populations isolées le savoir, les images inconnues des autres régions de l'Union. Dans le Kazakhstan que montre Ersain Abdrakhmanov au début des années 90, les trains parcourent toujours la steppe mais ce ne sont plus des images qu'ils véhiculent, ce n'est que du pain et les mains des femmes se tendent pour en recueillir les miettes.