Du
4 au 31 juillet 2001, le festival du cinéma asiatique proposait
une programmation de qualité : avant-premières parisiennes
des nouveaux films respectifs de Tsai Ming Liang, Shohei Imamura,
Hirokazu Kore Eda, inédits nombreux et variés, intégrale de
Takeshi Kitano, Shinya Tsukamoto, Kiyoshi Kurosawa, Tsai Ming
Liang ; l'indispensable sélection des films d'animation qui
ont vu le jour en France, avec le très beau Princesse Mononoké,
les oniriques Tombeau des lucioles et Mes voisins
les Yamada, les futuristes Blood The Last Vampire
ou encore Jin Roh et Ghost in the shell. L'animation
évolue très vite au Japon et on regrettera néanmoins l'absence
de films plus récents, le festival se contentant de ne nous
resservir que les grands classiques du genre. On dénote aussi
l'omission de films de quelques grands réalisateurs japonais
comme Sogo Ishii, Masato Harada ou Nagisa Oshima ( seul
Tabou fut programmé ) ainsi que les Fallen angels,
et Nos années sauvages de Wong Kar Wai. Malgré ses
quelques défections, le festival rassemble globalement tout
ce qui a pu parvenir sur notre territoire. Profitons-en pour
faire une mise au point et rendre compte de quelques tendances |
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Dans son ensemble, le cinéma asiatique,
est incontestablement un cinéma d'esthète au sens fort du
terme, qu'il soit signé par Wong Kar Wai, Tsai Ming Liang,
Takeshi Miike, (Par exemple, Macoto Tezca, récemment à l’affiche
avec Hakuchi se qualifie lui-même de « visualiste »
plutôt que de cinéaste.) tous produisent un cinéma aux images
soignées, très stylisées et dépeignent des sociétés qui ont
connu de profondes métamorphoses humaines et géopolitiques.
Et là-bas quelle heure est il ? de Tsai Ming Liang
ou bien encore Beijing Bicycle de Xiao Xiaoshuai en
incarnent de parfaits exemples. Chine, Corée, Japon, Taiwan,
Hong Kong, Thaïlande abordent des thèmes communs : le suicide,
le deuil, l'asservissement, la violence, les transports, les
changements physiologiques sont les sujets récurrents d'un
cinéma qui, bien que résolument tourné vers lui-même, puisant
dans son histoire et dans les bouleversements inaugurés par
son émergence au niveau mondial, s'exporte très bien. Traité
tour à tour avec humour ( Deux petits voyous, Eurêka
de Shinji Aoyama, Les démons à ma porte de Jiang Wen
ou bien encore la grotesque série Z Sur la trace du serpent
du coréen Lee Myung-Se, ) puis avec force sensibilité ( les
films de Tsai Ming Liang et Takeshi Kitano, Peppermint
Candy de Lee Chang Dong, Made in Hong Kong de Fruit
Chan ), au gré de réalisations qui s'appuient principalement
sur l'art du rythme et du montage, le cinéma asiatique traite
ces différentes problématiques en les transposant dans un
univers naturel tout puissant, parfois hostile, prenant irrémédiablement
le pas sur l'humain. La minutieuse fragmentation de ces fictions,
agrémentées de nombreux éléments documentaires, laisse entrevoir
le passé chaotique dun continent confronté à de perpétuels
problèmes de frontières humaines et ethniques.
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