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FESTIVAL DU
CINEMA ASIATIQUE

Compte-rendu
Par Philippe BEER-GABEL


Du 4 au 31 juillet 2001, le festival du cinéma asiatique proposait une programmation de qualité : avant-premières parisiennes des nouveaux films respectifs de Tsai Ming Liang, Shohei Imamura, Hirokazu Kore Eda, inédits nombreux et variés, intégrale de Takeshi Kitano, Shinya Tsukamoto, Kiyoshi Kurosawa, Tsai Ming Liang ; l'indispensable sélection des films d'animation qui ont vu le jour en France, avec le très beau Princesse Mononoké, les oniriques Tombeau des lucioles et Mes voisins les Yamada, les futuristes Blood The Last Vampire ou encore Jin Roh et Ghost in the shell. L'animation évolue très vite au Japon et on regrettera néanmoins l'absence de films plus récents, le festival se contentant de ne nous resservir que les grands classiques du genre. On dénote aussi l'omission de films de quelques grands réalisateurs japonais comme Sogo Ishii, Masato Harada ou Nagisa Oshima ( seul Tabou fut programmé ) ainsi que les Fallen angels, et Nos années sauvages de Wong Kar Wai. Malgré ses quelques défections, le festival rassemble globalement tout ce qui a pu parvenir sur notre territoire. Profitons-en pour faire une mise au point et rendre compte de quelques tendances



 

  Objectif Cinéma (c) D.R.

Dans son ensemble, le cinéma asiatique, est incontestablement un cinéma d'esthète au sens fort du terme, qu'il soit signé par Wong Kar Wai, Tsai Ming Liang, Takeshi Miike, (Par exemple, Macoto Tezca, récemment à l’affiche avec Hakuchi se qualifie lui-même de « visualiste » plutôt que de cinéaste.) tous produisent un cinéma aux images soignées, très stylisées et dépeignent des sociétés qui ont connu de profondes métamorphoses humaines et géopolitiques. Et là-bas quelle heure est il ? de Tsai Ming Liang ou bien encore Beijing Bicycle de Xiao Xiaoshuai en incarnent de parfaits exemples. Chine, Corée, Japon, Taiwan, Hong Kong, Thaïlande abordent des thèmes communs : le suicide, le deuil, l'asservissement, la violence, les transports, les changements physiologiques sont les sujets récurrents d'un cinéma qui, bien que résolument tourné vers lui-même, puisant dans son histoire et dans les bouleversements inaugurés par son émergence au niveau mondial, s'exporte très bien. Traité tour à tour avec humour ( Deux petits voyous, Eurêka de Shinji Aoyama, Les démons à ma porte de Jiang Wen ou bien encore la grotesque série Z Sur la trace du serpent du coréen Lee Myung-Se, ) puis avec force sensibilité ( les films de Tsai Ming Liang et Takeshi Kitano, Peppermint Candy de Lee Chang Dong, Made in Hong Kong de Fruit Chan ), au gré de réalisations qui s'appuient principalement sur l'art du rythme et du montage, le cinéma asiatique traite ces différentes problématiques en les transposant dans un univers naturel tout puissant, parfois hostile, prenant irrémédiablement le pas sur l'humain. La minutieuse fragmentation de ces fictions, agrémentées de nombreux éléments documentaires, laisse entrevoir le passé chaotique dun continent confronté à de perpétuels problèmes de frontières humaines et ethniques.