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Ce dont rend bien compte la langueur des réalisations d'Hou Hsiao Hsien, figure de proue du cinéma chinois, et alternative probante de l'esthétique « clipesque » du Hong-kongais Wong Kar Wai qui influence tout un pan du cinéma asiatique ; en témoigne le très réussi Made in Hong Kong de Fruit Chan, sur lequel repose en partie l'essor de ce cinéma hong-kongais ou le Love will tear us apart de Yu Lik Wai. Les fleurs de Shanghai, oeuvre hypnotique, et apogée de l'art de Hou Hsiao Hsien envoûte : images léchées, simples et touchantes, reconstituant une époque révolue autour du charismatique Tony Leung qu'il n'est plus besoin de présenter depuis le carton somme toute inattendu d'In the mood for love, réalise le tour de force de suspendre le temps. Hou Hsiao Hsien éternise ainsi tout un pan de l'histoire de la Chine du siècle précédent, comme dans Le maître des marionnettes, film bâti autour d’un prolixe vieillard à la vie semée d'embûches, rappelant le rituel de la communion au théâtre. De l'ésotérique Goodbye, South Goodbye jusquà Millenium Mambo, l'art du conte allié à une propension à la divagation filmique, constitue une des clefs de lecture du cinéaste chinois. D'ailleurs, la principale école de cinéma française ne s'y est pas trompée. Good men, Good women, fut choisi comme film d'épreuve au concours de la FEMIS de cette année Film du reste très complexe où se télescopent deux histoires, véritable oraison du cinéma qui, bien que remplie de nombreuses subtilités demeure néanmoins très difficile à cerner et un tant soi peu inférieure à ces précédentes productions.

Objectif Cinéma (c) D.R.

A l'instar de la finesse d'un Hou Hsiao Hsien ou d'un Tsui Hark, le japonais Kiyoshi Kurosawa, préfère le dépouillement à l'esthétique composée de ses pairs, sans atteindre la perfection de ses derniers. Surestimé, Kiyoshi Kurosawa, cinéaste de l'errance spectrale, s'arc-boute sous le poids de ses intentions. Tour à tour génie puis piètre imitateur, Kiyoshi Kurosawa désoeuvre. Laisse tout aussi perplexe la concrétion de ses personnages que ces histoires fantastico-biologiques plus proche du psycho-bazar (Charisma) que de la science fiction. En témoigne License to Live, film ne respirant que par une rigoureuse mise en scène de l'étrange et du décalage temporel mais qui ne décolle jamais. Son seul chef d'oeuvre s'avère Cure, film malade à l'immanente noirceur, où macère une folie emprunte de spasmes névrotiques suggérant de manière bien plus convaincante les fantômes que son dernier et très décevant Kaïro.

  Objectif Cinéma (c) D.R.

Viennent ensuite, les confirmations si besoin étaient, des espoirs que l'on portait sur le Hong Kongais Fruit Chan, responsable de l'excellent Made in Hong Kong et sur le japonais Shinji Aoyama qui fit l'ouverture de ce festival avec Deux petits voyous, film lorgnant sans vergogne vers le meilleur de Kitano qui objectivement ouvrit la voie à bien de ces comparses. Takeshi Kitano, qui au-delà de son statut de « Beat Takeshi » amuseur public à la télévision s'avère être un remarquable sociologue et réalise avec Jugatsu ou Kids return deux de ses meilleurs films : un cinéma ludique et prospectif consacré à l'étude de microcosmes : le monde des yakusa, des policiers, des adolescents oisifs et pose un regard touchant, enfantin, et bien plus profond qu'il n'y paraît sur ces contemporains. Kitano manifeste un réel rejet de la société hiérarchisée et mécanique, préférant se jouer de personnages en marge de cette société ou en passe de le devenir pour mieux affirmer son désaccord.