C’est le même cinéma,
tranchant, ascétique, quasi classique dans son engagement
formel. C’est en somme l’anti Gladiator : pas
de violence stylisée, kitsch, ni de vulgate fictionnelle.
Ici les balles s’aplatissent contre les armures, des bandes
de mercenaires dépècent des chevaux pour les manger (le
cheval suinte sur la neige) et brûlent des Christ pour se
chauffer. Ici le sang ne gicle pas en de belles volutes
quand on ampute une jambe, mais un simple plan sur les scies
du chirurgien laisse entendre l’atrocité de la douleur.
Olmi fait avec ce film la meilleure proposition de cinéma
vue au festival.
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Le festival permit aussi
de voir le tout dernier film d’Ettore Scola qui ne bénéficie
encore d’aucune distribution en France alors que sa distribution
comprend Claude Rich, Brialy et Depardieu. Concorrenza
sleale (Concurrence déloyale) démontre que Scola
n’a rien perdu de son savoir faire. En vieux briscard de la
comédie, il fait preuve ici de son talent de dialoguiste et
de metteur en scène, avec une comédie amère sur deux tailleurs
concurrents d’une même rue de Rome en 1938. L’un des tailleurs
est juif et subira avec sa famille l’horreur des lois raciales.
L’auteur d’Une journée particulière fait basculer ce
qui commençait comme une comédie sur une guéguerre marchande
entre deux boutiquiers, dans une poignante histoire tragique
d’amitié où l’humanité se noue. L’interprétation brillante
et l’écriture virtuose sont les atouts de ce film particulièrement
réussi qui réunit les thèmes-clé de Scola, l’enfance et le
passé fasciste de l’Italie.
Crise
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Cette année, le cinéma italien
devait relever la tête ; c’est du moins ce que tout
le monde annonçait, la fréquentation de films italiens étant
en hausse et une nouvelle génération de réalisateurs s’imposant.
La production 2000/2001 permit en tout cas à Annecy de montrer
deux grands réalisateurs, Olmi et Scola (le film d’Olmi
étant sans aucun doute un film important), c’est-à-dire
en fait l’ancienne génération de cinéastes. En dépit de
vraies réussites, tels les deux films primés, Tornando
a casa et Luce negli occhi, on constate un manque
de qualité général. Quand ils ne sont pas minés par la frilosité
et surtout par l’anémie intellectuelle, les films lorgnent
vers un académisme d’un autre âge (L’educazione di Giulio
de Claudio Bondi). Mais on peut se demander si ce n’est
pas le cas partout, si le cinéma ne se trouve pas comme
de nombreuses expressions artistiques aujourd’hui, en train
de vivre une crise et reste tenté de se replier sur le conformisme
et la facilité. Que montrerait un festival du film français
aujourd’hui en Italie ? Amélie Poulain ?
En tout cas, le cinéma italien a des raisons d’espérer dans
certains de ses nouveaux cinéastes, tels Porporati ou Marra,
qui tentent un cinéma, qui, si formellement il ne cherche
pas réellement à innover, se démarque au moins par ses sujets.
Du cinéma à penser en quelque sorte.
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