Le jury innova cette
année au palmarès en décernant deux prix d’interprétation :
le premier est allé à l’actrice Agnieszka Czekanska pour
son rôle dans Occidente, le deuxième à Toni Servillo,
fabuleux dans le très attachant film de Paolo Sorrentino,
L’uomo in piu. Ce film au scénario très bien ficelé
et à la superbe mise en scène, relate la vie parallèle de
deux homonymes que tout oppose. Tous deux vivront pourtant
la même déchéance, mais l’un des deux sera sauvé. Servillo
campe un chanteur de charme has been des années 80, grillé
à la coke, que le sort s’acharne à faire tomber.
Proposition de cinéma
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En dehors de la compétition,
on put voir les meilleures choses dans la section du panorama.
Francesca Archibugi, annoncée comme la relève du cinéma italien,
y présentait son film Domani qui fut par ailleurs dans
la sélection Un Certain Regard du dernier festival de Cannes
et reçut ici le prix Sergio Leone (un prix décerné pendant
le festival par les deux directeurs Pierre Toddeschini et
Jean A.Gili afin de mettre en avant en France un réalisateur
ayant une audience importante en Italie). Dans un village
de l’Ombrie, une secousse sismique bouleverse la vie des habitants.
Ceux-ci se redécouvrent ou se découvrent, des conflits et
des réconciliations surgissent dans les familles, une solidarité
nouvelle tente de grandir entre les habitants. Archibugi croit
en ses personnages et le fait passer avec réussite à l’écran,
le plus étant d’avoir finement construit son film à partir
du regard des enfants. Film sur l’enfance, film de l’enfance,
enfance de l’art, voilà un bien joli petit film. Point barre,
tutti va bene.
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Mais il y eut surtout Il
mestrie delle armi (Le métier des armes) de Ermanno
Olmi à qui l’on doit déjà L’arbre au sabot qui reçut
la palme d’or à Cannes 1978. Film de guerre et véritable
projectile détonnant dans une cinématographie consensuelle
dominée par des scénarios bidons où ne cessent de s’étaler
“ les difficultés des rapports humains ”, Le
métier des armes, film de reconstitution historique
est un film de genre. En cela il affiche clairement son
ambition : costumes, décors, scènes de batailles, crédibilité
historique. Il s’agit du récit de la mort de Jean de Medicis,
capitaine de l’armée du pape Clément VII, alors en guerre
contre les armées de Charles Quint. Médicis poursuit un
ennemi qui le devance toujours et descend sur Rome. Le froid
de l’hiver, la faim, les alliances douteuses des ducs du
pays, compromettront sa réussite. Olmi réalise un film magistral,
dominé par une photographie superbe, crue, où le froid et
la boue semblent contaminer l’image. On est frappé par le
rapport entre l’économie de moyens de la narration et l’extraordinaire
reconstitution de l’époque (XVIè siècle). Certains y ont
vu la rigueur bressonienne ou la force de Kurosawa. On y
verrait plutôt une parenté avec Herzog, mais un Herzog moins
débraillé, dominant le hasard.