On a connu des sifflets
et des huées à l’annonce de palmarès de festivals notoires.
Certainement rien, cependant, à côté de ceux réservés au jury
du Sixième Festival de Cinéma Espagnol, Cinespaňa. Ce
jury, composé cette année de journalistes et de professionnels
de la profession (suite à la défection, entre autres, de sa
présidente Bernadette Laffont), a rendu copie quasiment blanche
après une délibération de deux petites heures : un palmarès
amputé, sans Grand Prix ni confettis.
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Nonobstant le “ village espagnol ”,
généreusement pourvu en tapas et sangria (une aubaine, maintenant
que de l’eau de javel coule de nos robinets toulousains depuis
que l’explosive usine AZF a déversé ses cuves d’ammoniaque
dans la Garonne), Cinespaňa n’a jamais laissé éclater
la vitalité et la santé du cinéma ibérique. Si bien que la
cérémonie de clôture a damé le pion à dix jours de festival
et emporté la palme de la jubilation. En rappelant simplement
mais radicalement aux programmateurs qu’un festival n’est
que la somme qualitative des films qu’il présente aux spectateurs,
le jury a contesté de manière juste et saine la faiblesse
et la banalité cinématographiques des sept longs métrages
en compétition cette année. Plus qu’une contestation, en fait,
un acte de résistance absolument jouissif et l’expression
du désir d’un cinéma vivant et intransigeant.
En ne décernant, à l’unanimité, aucun prix pour le meilleur
film, le meilleur scénario et la meilleure musique, le jury
a plus que certainement fait acte de salubrité publique et
rendu un immense service au festival en refusant de cautionner
un penchant marqué pour une esthétique de plus en plus télévisuelle
où dominent la complaisance et la facilité.
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