DES
FILMS ET DES HOMMES
Les Rencontres internationales de cinéma à Paris portent bien
leur nom car plus que d’un festival de cinéma, il s’agit de
rencontres. Entre un film et le public bien sur, mais encore
entre les réalisateurs (très souvent présents) et les spectateurs,
et plus pragmatiquement, entre le film et des distributeurs
potentiels car les films présentés, pour la plupart n’ont
pas de distributeur. Il y a donc un enjeu commercial non négligeable
dans cette manifestation qui se double d’un enjeu esthétique
et politique : en effet, on se doute bien qu’il y a une chance
de voir des films inhabituels, originaux, rares, fragiles,
audacieux etc. ; des films sortant des circuits du cinéma
commercial et échappant peut être aux standards de production.
De fait, les films présentés laissent une impression de proximité,
d’humanité ; derrière, on sent toujours des hommes, des femmes,
des auteurs, avec leur sensibilité, leurs idées, leur vision
du monde (éventuellement leur talent). Ce ne sont pas de grosses
machines impersonnelles dénuées de propos ou de pensée. Voilà
sans doute l’une des raisons pour lesquelles il règne une
ambiance plutôt conviviale (enfin n’exagérons rien), exploit
d’autant plus remarquable à Paris et surtout dans le cadre
aussi froid et austère du Forum des Halles. Ici, les gens
sont détendus, accessibles, à l’écart de toute pression médiatique.
On a parfois l’impression d’un petit festival de province
importé dans un des endroits les plus sinistres et impersonnels
de Paris.
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Une diversité assez informelle dominait
l’ensemble de la sélection car ces rencontres n’ont pour ambition
que de témoigner de l’état du cinéma mondial. Difficile donc
de dégager un bilan cohérent mais on peut d’emblée faire quelques
remarques. Sur le plan technique et formel, on note une généralisation
du format DV, dont le format gonflé n’est pas toujours distinguable
d’un autre format comme le super 16 par exemple. On utilise
ce format vidéo pour le documentaire bien sûr mais aussi de
plus en plus pour la fiction et parfois pour un genre bâtard
situé entre les deux, comme le documentaire fictif ou la fiction
documentaire.
Justement, la sélection accordait une place assez grande au
genre documentaire et à des films très réalistes. D’ailleurs
le prix du public était attribué à un documentaire, le très
beau Promises, consacré à la perception de la crise
du Proche-Orient par des enfants juifs et palestiniennes (cf.
article de Benjamin Bibas). De façon générale, on remarque
que les Rencontres privilégient des films à dimension politique
ou sociale (plutôt que des films intimistes par exemple).
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