Un jour plus tard, les mêmes
moins un, et une carte postale bien amère pour commencer
la journée. Déjà remarqué à
Pantin, La chambrée de Sébastien Louis
(2001, 35mm, 13 minutes) aborde avec force sensibilité
les problèmes d’énurésie d’un jeune appelé.
Sans appuyer, l’auteur réussit à faire surgir
chaleurs et sueurs froides, rêves et cauchemars (State
of shock de The EX, y est incontestablement pour
quelque chose…) ici en lutte dans cette fulgurance nocturne.
Les images captées entre quatre et cinq heures du matin
restituent à merveille ce temps suspendu où
le jeune homme esseulé, aux prises avecun sommeil
encore fragile, vit l’enfer de son problème à
son réveil. Sismographie d’un univers clos où
soupirs, froissements et autres halètements d’hommes
bouches ouvertes régissent l’espace, La chambrée
opte pour un traitement sonore sobre et efficace, révélateur
de la fatigue générale. Convoquant une imagerie
très personnelle, anéantissant les clichés,
Sébastien Louis se fend d’un court métrage organique
et sensitif au même titre qu’un Trouble Every Day
de Claire Denis. A suivre de près … Dans la même
compétition, Anti-romantika (Couleurs, 35mm,
16 minutes) du Kazakh Nariman Turebaev comme son titre l’indique,
ne donne pas dans le romantisme fleur bleue mais plutôt
dans le sarcasme et l’ironie. Une mise en scène minimale
et une action restreinte débitent un humour noir et
pince sans rire et soumettent le doux naïf à dure
épreuve. Ce dernier laisse percer à jour le
désespoir de son corps réclamant un peu de chaleur
humaine, et finit seul avec quelques pommes de terres au lard.
Un joli petit conte cruel en quelque sorte. Hammerbrook
(2001, noir et blanc, 16mm, 8,30 minutes) des frères
Elmar joue dans une toute autre catégorie. Basé
sur un fait divers, il ne convint guère de la schizophrénie
de son jeune protagoniste. Poussé au meurtre par une
voix intérieure, le jeune homme désincarné
en son arme, se meut dans une Allemagne industrielle, à
la faveur d’un noir et blanc sans grande envergure. Lorgnant
vers le fantastique, délivrant quelques beaux plans,
Hammerbrook, plombé par une vaine et inutile voix off,
n’est pas à la hauteur de ses ambitions.
LES LONGS
Au regard des quelques
soirées belfortaines passées à la poudrière
et autres chambres d’hôtels transformées en bar
ambulant, sans compter la courte durée de notre séjour,
peu de longs métrages vus. On retiendra cependant le
drame américain In the bedroom de Todd Field
où une parfaite petite famille américaine perd
son futur architecte de fils. Entretenant une relation clandestine
avec une femme d’une dizaine d’années son aîné,
le jeune homme se voit contraint et forcé d’assumer
les assauts et affronts répétés du mari
jusqu’à ce que ce dernier, jaloux et inconséquent
mette un terme à cette relation, ne supportant de se
voir dépossédé de son rôle de père
de famille. La jeune femme, trop occupé à préserver
sa progéniture ne voit rien venir et subit les conséquences
de l’affreux drame. Suit alors famille en pleurs, désir
de vengeance, et faux rebondissements de scénarios.
Rien de bien affriolant en soit, pourtant, c’est avec un certain
plaisir que l’on se laisse prendre à cette intrigue
somme toute convenue, mais qui surnage grâce une ambiance
sonore très réussie et un irréprochable
jeu d’acteurs (notamment Sissy Spacek).
Un peu plus tard,manifeste
des maux causées par l’alcool, Pain et lait,
mélodrame du slovène Jan Cvitkovic, répand
sa langueur et son mal-être grâce, encore une
fois, à une remarquable bande son composée par
Drago Ivanusa. Filmé dans un diaphane noir et blanc,
Pain et Lait, narre la lente descente aux enfers d’un
père alcoolique tout juste sorti de cure de désintoxication
au sein d’un village de campagne parmi tant d’autres. La petite
famille se cherche une cohésion, un mode de fonctionnement
afin de se préserver de toute rechute potentielle.
L’interdépendance ne prend pas. Le fils désœuvré
subit l’atavisme des liens filiaux et emprunte la même
pente que son père. Sonja, la mère, dans un
ultime sursaut d’orgueil tente alors de les sortir de cet
énième faux pas. En vain. La petite famille
alors dans un piteux état se retrouve unie à
l’hôpital...